L'archéologue algérien Mahfoud Ferroukhi a présenté, hier, mercredi, à Oran, son dernier ouvrage Nos ancêtres les rois numides qui se propose d'apporter «une vision non tronquée» de l'histoire du Maghreb au temps de la dynastie numide (du IIIe siècle av. J-C. au Ier siècle). Ce livre de 150 pages, riche en illustrations (cartographies, généalogies et photos), est le fruit de pas moins de 25 années de recherches documentaires à travers différents écrits contemporains et des sources latines et grecques, a indiqué l'auteur lors d'une séance vente dédicace organisée dans le hall d'exposition de la Cinémathèque d'Oran. La consultation objective de ces multiples documents a d'abord amené M. Ferroukhi à se rendre compte que «beaucoup de ce qui a été dit auparavant sur la période considérée, n'était, en fait, basé que sur de simples hypothèses». Le spécialiste a évoqué dans ce contexte les références latines citées par de nombreux auteurs qui se sont penchées sur l'histoire de la civilisation numide, leur reprochant toutefois d'avoir extrapolé leurs analyses vers des conclusions jamais mentionnées dans les dites références. «L'exemple que je donne le plus souvent pour m'expliquer sur ce point est celui de certains auteurs qui ont rapporté que Juba II, le père du dernier roi de Numidie (Ptolémée) fut fait prisonnier, tué et traîné dans les rues de Rome, alors que les références documentaires ont seulement noté que Juba II fut exilé en Italie.» A travers Nos ancêtres les rois numides, M. Ferroukhi a proposé une lecture de l'histoire démarquée de cette approche romano-centriste qui offre, elle, une image quelque peu réductrice de la civilisation numide et de la dimension glorieuse de ses rois. «La civilisation numide était la seule à égaler la civilisation grecque qui reconnaissait en Juba II le plus érudit des rois numides, en témoignent les nombreuses statues et inscriptions grecques dédiées à la Numidie», a-t-il souligné. Cet ouvrage préfacé par la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, est dédié par l'auteur à feu Sid-Ahmed Baghli (1933-2009), fondateur de l'archéologie algérienne en 1963.