Hocine Fellag est professeur à l'Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et vice-recteur chargé des relations extérieures. Dans l'entretien qui suit, il met en relief la nécessité de mettre en place une structure qui consoliderait les liens entre l'université et l'entreprise. Vous avez suggéré la création d'une interface entre l'université et le monde de l'entreprise. Pour quoi faire ? Cette notion d'interface n'est pas nouvelle. Les discours, que ce soit chez les acteurs publics ou universitaires, sont tous unanimes à dire que l'université et son environnement socioéconomique devraient évoluer dans un partenariat actif. Mais le problème de l'action se pose. L'interface est alors une passerelle entre l'université et l'entreprise qui ont des objectifs naturellement différents, mais cette passerelle consiste à imaginer la manière de servir la société. Aucun secteur ne peut le faire tout seul, donc il faut un cadre pour exprimer ses capacités et ses préoccupations. A titre d'exemple, ce qui se fait le mieux entre l'université et l'entreprise ce sont les stages de fin de cursus. Et là, l'étudiant fait du porte-à-porte des entreprises pour demander s'il y a des thèmes à étudier. Au bout du compte, il se retrouve avec un sujet peu intéressant et qui ne lui servirait pas à grand-chose dans sa vie professionnelle. L'interface permet à l'entreprise d'être présente. Elle va proposer une banque de sujets qui lui seront utiles et l'université lui proposera des étudiants qui vont traiter ce sujet. Et ce n'est qu'un premier pas déjà. Les cadres de l'entreprise ont besoin eux aussi de se mettre à niveau en matière de nouvelles technologies. Et, nous on propose un programme de formation. Pourquoi l'université n'a-t-elle pas pu assumer son rôle de service à l'entreprise ? En termes de relation avec les institutions, tout est à construire. Le monde de l'université a ses propres problèmes. Elle n'a commencé à s'ouvrir sur le monde extérieur que récemment. Aujourd'hui, la volonté existe et le constat est pareil dans le monde de l'entreprise. Au niveau national, les entreprises participent à des forums, à des séminaires pour permettre aux acteurs économiques d'être compétitifs. Tout le monde à présent commence à prendre conscience qu'on ne peut avancer seul, mais il faudrait associer les autres. Et, c'est le sens qu'il faudrait donner à ces rencontres que nous organisons. Quels mécanismes faudrait-il mettre en place pour consolider la relation entre l'université et le monde de l'entreprise ? Il y a une volonté forte d'adhérer à ces projets. Et c'est déjà quelque chose à valoriser. A travers ces deux journées, nous avons perçu quelques messages. L'université, les collectivités locales, les entreprises adhèrent à l'idée de cette interface. Ces journées d'étude devraient aboutir à la mise en place de modalités pratiques et des réunions de travail spécifiques. Tout le monde aura son avis à donner. On le fera ensemble. A votre avis, l'entreprise exprime-t-elle réellement des besoins en matière de formation en cadres, sachant que la majorité d'entre-elles sont à caractère familial ? Il y a plusieurs types d'entreprises. Les grandes et les petites. Toutes ont leurs problèmes. Ont-elles leurs laboratoires de recherche ? Sont-elles capables de se prendre en charge en termes d'innovation et de développement ? La présentation de nos laboratoires de recherche durant ces journées permettra peut-être aux entreprises de savoir qu'on existe et que nous sommes disposés à les accompagner dans leurs plans de développement. Quant à une partie des PME/ PMI, elle n'a pas réellement besoin de personnel qualifié. Mais d'autres en ont besoin. Elles ne peuvent pas fonctionner sans ingénieurs et sans techniciens. Pour être compétitifs, dans le secteur économique national. Mais notre objectif est de cibler celles qui ont un lien avec l'université. Ce qui nous intéresse en tant qu'université, c'est l'entreprise qui a un savoir-faire.