Le rapprochement de l'université de l'environnement socio-économique dans lequel elle évolue a toujours constitué le défi primordial qui est posé que ce soit pour les chercheurs universitaires ou les opérateurs économiques. Dans le souci d'identifier les insuffisances et de tenter de rattraper les retards à cet égard, l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou abrite un séminaire, hier et aujourd'hui, sur le thème de "l'université et son environnement socio-économique". A cette occasion, de nombreux universitaires et représentants du monde économique au niveau régional ont mis l'accent sur la problématique du décalage qui existe entre les deux secteurs en dépit de la relation de complémentarité qui les lie l'un à l'autre. D'emblée, le recteur de l'université de Tizi Ouzou a mis en avant la nécessité d'impliquer davantage les acteurs économiques dans les mutations que doit subir l'université et aussi l'urgence de faire adapter cette dernière (à savoir l'université) à son environnement. Le premier responsable de l'UMMTO, faisant allusion à la réforme que le monde universitaire vient de subir, estime que "la nouvelle conception des programmes et des formations à l'université donnent beaucoup plus d'opportunités d'ajuster les formations universitaires aux réalités du marché de travail". Allusion faite, à cet égard, au système LMD (Licence, Master, Doctorat) nouvellement mis en application en Algérie. Ce système fait que 30% des formations dispensées par les institutions d'enseignement supérieur sont modulés en fonction des besoins et des spécificitées de chaque région, et c'est au niveau de ce type de formation que le monde économique peut intervenir. Pour mieux rapprocher l'université de son environnement, le vice-recteur de l'UMMTO, M. Fellag, développera une nouvelle conception en plaidant pour "une interface université/entreprise". Cette proposition, selon l'intervenant, est basée sur la création d'un centre national où se rencontreront en permanence les deux mondes, l'université et l'entreprise. Le rôle de ce centre interviendra à trois niveaux selon cet universitaire, à savoir, la formation, l'orientation et l'innovation. Ce concept peut permettre, en définitive, à préparer le terrain pour une université forte et une entreprise compétitive selon M. Fellag. Pour ce faire, des moyens humains et matériels doivent être mis en place. Le président de la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura, englobant les opérateurs économiques des wilayas de Tizi Ouzou et Bouira, M. Medjkouh, a mis l'accent sur les besoins du monde économique d'aujourd'hui et ce que l'entreprise attend de l'université. M. Medjkouh dit ne pas admettre qu'aujourd'hui, "à titre d'exemple, il faut solliciter la main-d'œuvre qualifiée des entreprises basée à Collo, dans la wilaya de Skikda pour exploiter les champs de chêne-liège de la wilaya de Tizi Ouzou". La recherche universitaire, elle aussi, est confrontée à des difficultés multiples. Ce volet a été développé par M. Bouhamrouche qui a relevé les contraintes diverses qui se posent aux chercheurs et les problèmes rencontrés au niveau des laboratoires comme, entre autres, la problématique de la gestion financière, le cloisonnement et l'isolement des chercheurs au niveau des laboratoires sans aucun lien avec le monde extérieur, mais aussi le problème de l'entreprise qui ne sollicite pas l'université pour ses besoins en main-d'œuvre.