Le président Bouteflika ouvre le feu. Boubekeur Benbouzid encaisse. Acquiesce. C'était hier à Sétif. Le chef de l'Etat a encore une fois désigné l'un de ses ministres à la vindicte populaire. « Si vous n'êtes pas en mesure d'accueillir en première année de lycée bon nombre d'élèves, dites-le au peuple. » Ainsi donc le ministre de l'Education, qu'il vient de reconduire à son poste voilà seulement une dizaines de jours, serait responsable devant le peuple et non point devant l'équipe gouvernementale à laquelle il appartient et bien sûr le Président qui l'a nommé et renommé plus de quatre fois au moins. Abdelaziz Bouteflika trouve « injuste » qu'un bon élève échoue à cause d'une histoire de « cœfficient ». Soit. Mais ce schéma d'évaluation adopté par Benbouzid n'est autre que celui élaboré et avalisé par les différents filtres institutionnels que sont le conseil du gouvernement et celui des ministres entre autres. Ce n'est donc point une trouvaille personnelle du ministre, réduit à expérimenter des réformettes conçues et réalisées par une fournée de commissions. La preuve ? Benbouzid, qui ne s'est visiblement pas senti visé par le coup de gueule présidentiel, a illico promis que cette histoire de cœfficient sera réglée à la prochaine rentrée. « Qu'il en soit ainsi M. le président ! », semble vouloir dire Benbouzid qui retrouva tout de suite après l'interpellation de Bouteflika tout son entrain. Une autre preuve ? « Si on arrive à dépasser, cette année, le seuil de 50% comme l'année dernière, je serai ravi ! », espère, tout sourire, l'inamovible ministre de l'Education. Oubliée donc la montée d'adrénaline du Président. Après tout, l'école algérienne, malade, est un immense laboratoire où l'on peut opérer – au propre et au figuré – à volonté et par doses homéopathiques. Et ça ne finira pas de sitôt... Benbouzid en a déjà vu d'autres lui qui peut facilement être là en 2009. Temmar et Ghoul en connaissent quelque chose. Et ils sont toujours là. Le tonnerre présidentiel annonce souvent un ciel serein… Quant au Président, si habitué à cette politique spectacle, il aura réussi hier à pimenter son passage à Sétif, histoire de donner un peu de relief à sa visite. Comme quoi, chacun joue son rôle. L'école, elle, peut attendre une prochaine réforme.