Les auditeurs de la chaîne de radio kabyle auront sans doute remarqué la disparition, soutenue, de beaucoup de brillants animateurs de la grille de ses programmes. Méthodiquement, les belles voix qui ont fait les beaux jours de "La 2" sont étouffées dans des petits créneaux horaires puis carrément éteintes…Depuis deux années au moins, les responsables de la production de cette radio un peu particulière se sont employés à fermer l'antenne à des animateurs aussi chevronnés qui ont défié les ukases officiels et les menaces terroristes. Leurs noms sont autant de lumières qui ont illuminé les milliers de foyers de Kabylie et d'ailleurs. Medjahed Hamid, Aït Hamou Tahar, Docteur Bessa, Velaïd Tagrawla ou encore Djamel Amrani, Arezki Azzouz et bien sûr la charmante sociologue à la voix suave, Khadidja. Tout ce beau monde est passé à la trappe ou en voie de l'être… C'est une véritable onde de choc qui est passé par le 5e étage du 21 boulevard des Martyrs emportant avec elle le nec plus ultra d'une radio qui a tourné le dos à ses années de gloire ! Les auditeurs de « la 2 » sont depuis 2005 privés de ces voix qui leur réchauffaient les cœurs. Ils ne pourront plus suivre les cours magistraux de musique prodigués en direct par le vieux briscard Medjahed Hamid qui a remplacé au pied levé, en 1985, le monstre sacré Chérif Kheddam à la tête de "Ighenayen Uzekka" (les chanteurs de demain). Cet équivalent de "Alhan Wa Chabab" version kabyle est réduit au silence… Les femmes au foyer de Kabylie sont-elles aussi malades de ne plus pouvoir suivre les conseils de M. Bessa via son émission phare "Allô Docteur". Les nostalgiques de la guerre de libération nationale et des hauts faits d'armes de nos valeureux martyrs sont eux aussi frustrés de ne plus écouter la voix chantante d'Aït Hamou Tahar. Pour cause, "Tarikh n Tmurt Fellas Echfut", l'incontournable rendez historique de la Chaîne II, a été maladroitement zappé de sa grille depuis 2005. Ceci pour les seuls programmes pédagogiques destinés au grand public. Côté animation, la machine bureaucratique de cette radio a également broyé beaucoup de ces voix qui portent. Khadidja Chikhi, cette sociologue qui aura réussi à établir une relation forte avec ses auditeurs et ses auditrices, plus de 20 années durant, joue à présent les rôles secondaires. A peine une petite tranche d'animation hebdomadaire et elle doit laisser le micro à une fournée de jeunes animatrices dont le niveau, le moins que l'on puisse dire, évolue au ras des pâquerettes. Les auditeurs ont dû d'ailleurs noter il y a quelques mois l'incroyables quiproquo en direct commis par une jeune animatrice qui hérita bizarrement d'une émission aussi importante que "Thivougharine live". Alors qu'elle recevait le géant Akli Yahiaten, dans un live au foyer des artistes de la radio, elle a fini par remercier… Chérif Kheddam d'avoir répondu à l'invitation. Il va de soi que ce genre d'erreurs en live se paye cash. Mais les gars de la production n'ont rien entendu. Le comble est que le créateur de cette émission à succès- une première dans le paysage radiophonique national - Arezki Azzouz a été contraint de céder le micro pour avoir refusé d'inviter monsieur tout-le-monde. Bien qu'il ait réussi à faire défiler des icônes de la chanson kabyle comme Chérif Kheddam, Takfarinas, Aït Menguellet, Kamel Hammadi et Nouara entre autres, Arezki est prié de laisser sa place. C'est apparemment la nouvelle règle à la Chaîne II. Il faut éteindre autant que faire se peut les étoiles d'hier pour obscurcir les horizons de demain. Le sympathique Djamel Amrani en sait quelque chose. Après 15 ans de loyaux services, il a dû arrêter sa "franchise de nuit". C'est la loi des nouveaux seigneurs de « la 2 ». Dommage pour leur jeune âge…