Les dirigeants SMA furent, comme tous les dirigeants nationalistes, arrêtés dès le lendemain du 1er novembre 1954. Parmi ces dirigeants, nous pouvons citer le cinquième président, Omar Lagha, homme de dialogue et militant sincère. Arrêté au lendemain du 1er novembre 1954, Omar Lagha passe 3 mois en prison, à Barberousse. Libéré, il reprit sa place au sein des SMA. Contacté par Ben M'hidi, il fut chargé de veiller à la continuité du mouvement. Se sentant menacé d'arrestation, il partit en France où il séjourna quelque temps. Il revient à Alger quelques mois après, croyant l'alerte passée. Hélas, il s'était trompé ; la police vint l'arrêter en 1957, et malgré toutes les démarches faites par sa famille, par ses frères SMA, par des chefs du scoutisme français, par Monseigneur Duval, on n'arrivera pas à retrouver ses traces. Nous avons su plus tard qu'il avait succombé sous la torture des parachutistes. Omar Lagha est mort en martyr, symbole de l'engagement des SMA au service de la patrie algérienne. De nombreux responsables FLN et ALN sont issus du mouvement SMA : on peut citer les martyrs Larbi Ben M'hidi, Didouche Mourad, Bouguerra M'hamed, Badji Mokhtar. Tous les groupes SMA qui existaient en ce moment-là étaient déjà à l'avant-garde du combat dans les maquis et les villes. La dernière BA (bonne action) à laquelle ils aspirèrent, c'était « l'istichhad » pour la plus sacrée des causes. Il serait vain de chercher un ancien scout qui n'ait connu le martyre ou la détention ou la longue endurance de la lutte. On peut citer comme exemple le groupe Emir Khaled de Belcourt qui a plus de 60 chahids, le groupe El Mansourah de Tlemcen qui en a 69. Les militants moudjahidine, Benkhedda Ben Youcef, Boubnider Salah dit Saout El Arab, Derriche Elias, Louanchi Salah, Aït Ahmed et la liste est longue, ont été formés à l'école du scoutisme. En septembre 1962, le congrès de l'indépendance à El Riadh a réuni tous les chefs SMA de la nation. Sous la direction du président Keddache Mahfoud et du commissaire général Derrouïche Mohamed, le mouvement a repris sa relance. Jusqu'à l'année 1975, tout allait bien, les activités scoutes continuaient comme par le passé. A partir de cette date, il y a eu dérive, le scoutisme n'était plus le même et le décor tout à fait changé. C'est devenu une organisation sous tutelle d'un parti et le but n'était plus le même. Après 1988, le congrès de la relance (juillet 1989) s'est déroulé au Club des Pins. Coïncidant avec le 50e anniversaire du congrès d'El Harrach, le mouvement SMA reprend sa liberté et revient vers son but de former le citoyen responsable. Le congrès de la relance a été la victoire de la constance des anciens cadres éliminés par le diktat de ceux qui, dans le parti unique, ne voulaient ni d'une orientation musulmane ni d'une association autonome. Ces anciens cadres avaient maintenu entre eux des liens et ne désespéraient pas de voir leur association revenir à ses sources. Le congrès de la relance a été aussi la victoire de la fidélité, celle des chefs restés en activité et qui avaient constaté qu'on les avait éloignés des caractéristiques fondamentales des objectifs du scoutisme : la priorité de la mission éducative sur la parade, la formation du futur citoyen objectif et le développement de l'esprit critique bannissant toute forme d'embrigadement. Nous sommes en 2007, le centenaire de la création du scoutisme, par Baden Powell, le 68e anniversaire de la création de la FSMA. Le 27 mai, nous avons commémoré la 66e Journée nationale des SMA, journée de recueillement auprès de la tombe du chef Bouras. Grâce à certains responsables et chefs patriotes, le scoutisme musulman algérien a continué sa voie, de mouvement éducatif, et nous pouvons citer tout d'abord les deux grands martyrs : Bouras et Lagha. Sans oublier Tahar Tedjini, Mahfoud Keddache, Benabdelwahab Hamdane, Mohamed Derouïche que Dieu ait leur âme. Nous citerons également Mahmoud Bouzouzou, Rachid Mahi, Mohamed Rédha Bestandji qu'Allah leur donne santé et longue vie. Aujourd'hui, il y a plus de 80 000 scouts titulaires dont 9000 mourchidete à travers les 48 wilayas. Sous le commandement clairvoyant et pédagogique du grand chef, Nouredine Ben Braham, l'association va toujours de l'avant, et nous lui souhaitons beaucoup de réussite dans sa mission. Pour célébrer le centenaire du scoutisme, le comité mondial de l'Amitié internationale scoute et guide (AISG), qui est une organisation internationale des anciens scouts et guides, a lancé le projet de : « La flamme de l'esprit scout et guide » La Flamme a commencé son chemin à Nyeri au Kenya, où elle à été allumée sur la tombe de Lord et Lady Baden Powell le 22 février 2007. Cette cérémonie, émouvante et joyeuse, a été suivie par presque 8000 scouts et guides. La flamme, dans son marathon de plus de 10 000 km, va traverser neufs pays : le Kenya, l'Ethiopie, le Soudan, l'Egypte, la Grèce, l'Italie, la France, la Belgique et le Royaume-Uni. A Naïrobi, première étape du parcours, la Flamme de l'esprit a été remise à l'association des Guides du Kenya. Deux semaines plus tard, la flamme a été officiellement transmise à l'association des scouts d'Ethiopie au poste frontière de Moyale. Le 19 mars, le président de la République d'Ethiopie était présent à une cérémonie à Addis-Abeba. La flamme est transmise au Soudan le 3 avril, elle est arrivée en Egypte le 2 mai et sera en Grèce le 6 juin, en Italie le 20 juin. Elle arrivera en France, à Menton, le 10 juillet et sera à Paris le 22 du même mois. Elle ira à Moisson le 24 juillet pour célébrer le 50e anniversaire du Jamboree de la Paix de 1947. Elle arrivera au Royaume-Uni, sur l'île de Brownsea, le 31 juillet et participera aux célébrations de l'anniversaire du premier camp-école lancé par Baden-Powell le 1er août 1907. Elle se rendra enfin sur le lieu du jamboree du centenaire, à Chelmsford, au nord de Londres, où seront rassemblés 40 000 jeunes scouts et guides du monde entier. L'Algérie sera représentée avec 200 éclaireurs (14/17 ans), organisés en patrouilles de 10, dont son chef de patrouille (CP) et encadrés par 39 chefs d'unités. Le déplacement s'effectuera par un avion spécial mis à la disposition des SMA par les autorités du pays. Le départ se fera le 27 juillet et le retour le 9 août. Au cour de leur séjour au jamboree international, les jeunes SMA se débrouilleront à faire eux-mêmes leur cuisine, bâtir leur tente, enfin leur prise en charge entière. C'est cela le scoutisme, et avec la discipline bien consentie connue bien entendu. Nous leur souhaitons pleine réussite et un très bon séjour. L'auteur est : Membre du Conseil national des SMA Membre du Bureau national des anciens SMA