Omar Lagha a vu le jour le 18 juillet 1908 à Taourirt Ahmed Moussa dans la région de Beni Abbès à Akbou. Il obtint son certificat d'études primaires à l'école Ighil Ali et fréquenta deux années le cours complémentaire de Bougie. ll dut abandonner l'école pour aider ses parents. Le jeune garçon connut le travail des champs, l'oisiveté et quelques petits et courts emplois à Bougie. La grande ville attira le jeune homme, Alger mérita son attention, Lagha réussit à travailler aux établissements Hutchinson et put se faire recruter en tant que secrétaire d'administration à la mairie d'Alger et a été affecté à la bibliothèque municipale de Bab El Oued en face du lycée Bugeaud. Dans les années 1936, Lagha était adulte, avait un emploi dans l'administration, pouvait aider sa famille et se logeait dans un modeste hôtel à l'arrière de la rue d'Isly. Pour le jeune Kabyle, les débuts étaient prometteurs. Lagha fréquenta deux cafés maures, l'un attenant à la Grande Mosquée face à l'Amirauté où se rencontraient de jeunes sportifs et un autre dans la rue du Divan (Diwan) où se réunissaient des éclaireurs. Lagha connut de nombreux oulémas et militants dans le Cercle du progrès et assista à quelques conférences de cheikh El Okbi. La période de 1936 fut fertile politiquement et socialement, Lagha connut les activités des oulémas, l'arrivée spectaculaire de Messali au Stade municipal d'Alger, les débuts du Congrès musulman et surtout les jeunes activistes nationalistes PPA. Lagha fonda le groupe El Kotb des éclaireurs musulmans algériens en 1937, il en fut le président. ` Une équipe d'étudiants de routiers scouts dont trois ou quatre jeunes militants du PPA animèrent le groupe. Lagha obtint un grand local sous la grande voûte de la Pêcherie décorée par le jeune communiste Hadj Ali, des parents, des notables et des militants aidèrent financièrement le groupe. Des chants scouts à thèmes nationalistes, des levers de couleurs ornés de croissant et d'étoile galvanisaient les jeunes scouts. La municipalité d'Alger confia des tirelires aux jeunes routiers scouts en vue d'effectuer une quête sur la voie publique sous le slogan « Un milliard pour les œuvres militaires ». Les jeunes nationalistes qui encadraient les scouts réalisèrent une bonne opération en subtilisant une partie des sommes quêtées par les scouts. Un adjoint du maire ayant un incident renvoya Lagha de la municipalité, et on le muta à la bibliothèque. De jeunes routiers profitèrent des prêts de livres par Lagha, de même que des rédacteurs militants journalistes. Au début de la guerre, le groupe El Kotb avait une équipe réputée : des scouts, une maîtrise, un cadre expérimenté, des chefs étudiants. En plus de ces derniers, Abderrahmani, Sahim, Derrouiche, Bentoumi, Kadache, il y avait des scouts artistes : Touri, Nahi, Sissani, Abderrahmane Aziz... La fête annuelle regroupait tout le groupe et les « Amis des scouts ». En 1939, les groupes sous l'impulsion de Bouras se fédérèrent en association des Scouts musulmans algériens. Lagha devint vice-président, resta président des Eclaireurs musulmans algériens. Durant plus de dix-huit mois après la fondation des SMA, Bouras mena une activité intense. Il fit plusieurs démarches pour faire partie du Scoutisme français en vain. On ne voulait pas d'une association musulmane unifiée de jeunes scouts. L'engagement de Bouras le mènera au polygone d'Hussein Dey où il sera fusillé (le 27 mai 1941). Pour les SMA, Bouras sera le premier martyr scout. Après une période d'hésitation, la présidence des SMA vacante est occupée par deux notables, le pharmacien Boukerdenna et le directeur de la médersa Ibnou Zekri. Par la suite, l'administration songea à dissoudre la fédération mais s'avisa, laissant le Scoutisme français organiser deux formations de chefs. Tedjini et Farès regroupèrent une trentaine de groupes à Khenchela en août 1943 et organisèrent un grand camp à Tlemcen (juillet 1944). Les chefs du groupe El Kotb réaffirmèrent leur adhésion aux SMA, Lagha devint vice-président et les cadres d'El Kotb ceux de la région d'Alger. Lagha s'occupa du dossier de SMA, leurs relations avec le Scoutisme français s'améliorèrent, les SMA sont reconnus. Mais la suggestion qui leur était faite de remplacer la phrase « Le scout est fidèle à sa patrie » par « Le scout est fidèle à la France » est inadmissible pour les SMA. Lagha au cours du « Camp de la bonne entente » à Fort de l'Eau, au début de 1945, expliqua à ces scouts français l'unanimité de la patrie algérienne et la simplicité de sa définition, le pays où l'on est né. Certains chefs scouts français présents partagèrent l'avis de Lagha d'autres en étaient réticents. La révolte de mai 1945 et la répression qui s'ensuivit amenèrent les autorités à interdire le scoutisme dans le Constantinois et en Kabylie. Sous l'autorité de Lagha, la région d'Alger joua un rôle important dans la reprise du scoutisme. ` En juillet 1945, plus de 400 jeunes scouts de régions interdites vinrent à Alger camper sous la direction des chefs d'El Kotb. Lagha resta l'interlocuteur des SMA en face du Scoutisme français. Il intervient auprès des responsables scouts français pour l'organisation d'un cycle de formation au bénéfice des Algériens. Il mena campagne pour la levée de l'interdiction qui frappe les régions du Constantinois et de la Kabylie et obtint gain de cause. C'est en faveur de la campagne de l'amnistie que date l'engagement politique de Lagha. C'est par la suite qu'il adhéra en même temps avec deux chefs au PPA, ce faisant le bureau national des SMA était en majorité composé de militants du PPA. Les SMA participèrent au jamboree et au Festival de Prague. Quatre troupes scoutes (une centainede garçons) participèrent au camp international de la région parisienne. Lagha a multiplié les démarches administratives auprès du Scoutisme français et de la jeunesse pour faciliter l'embarquement de ces garçons. Il donna des directives aux jeunes pour animer les zones de regroupement des travailleurs émigrés : chants dans des cafés et la salle Wagram. Il chargea les cadres scouts algériens de mener une action de propagande politique dans les camps des scouts arabes. Lagha participa en tant que chef de la délégation algérienne du Festival de Prague. Il comprit que la révolution menace, les jeunes routiers scouts se répartirent dans les différentes réunions pour s'informer. A la clôture du jamboree et du festival, Lagha conclut : « A Paris comme à Prague, nous avons représenté l'Algérie musulmane, nous avons rempli notre mission. » Par la suite, les étudiants et les scouts musulmans participèrent aux Festivals de Budapest (1949) et de Bucarest (1951). Lagha a avec un autre commissaire scout rédigé un rapport historique et politique de l'Algérie en 1949 et un autre en 1951. En 1954, Lagha dirigea la délégation des chefs qui alla au Caire, et montra aux autorités égyptiennes - et au président Nasser qui la reçut - qu'il y avait en Algérie une jeunesse organisée acquise au nationalisme algérien et prête à s'engager au service de la lutte pour la libération de la patrie algérienne. Arrêté au lendemain du premier novembre 1954, Lagha passa trois mois en prison. Libéré, il reprit aux SMA sa place. Contacté par Ben M'hidi, il fut chargé de la continuité du mouvement. Se sentant menacé d'arrestation, il partit se réfugier en France. Il revint à Alger quelques mois après, croyant l'alerte passée. Hélas ! il s'est trompé. La police vint l'arrêter, on ne le verra plus. Des témoins prisonniers ont affirmé l'avoir vu défiguré dans le centre de tri d'El Biar.Certains libéraux qu'on avait fait intervenir nous laissèrent entendre que Lagha Omar avait succombé sous les tortures des parachutistes. Lagha est mort en martyr, symbole de l'engagement scout.