Les défenseurs de l'intégrité du parc d'El Kala ont gagné une bataille dans le combat pour faire annuler la décision ou du moins obtenir un sursis jusqu'à ce qu'une solution de substitution soit trouvée au tracé routier de 15 km entrant dans le cadre du projet de l'Autoroute Est-Ouest. L'annonce de la reconfiguration probable du projet sur ce tronçon en a été faite par le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, dans un entretien paru hier dans El Watan. Cette mesure qui honore le département de M. Ghoul en tant que maître d'œuvre du projet et les autres centres de décisions qui ont pesé pour éviter la mort annoncée qui menaçait ce parc est d'abord la victoire de la raison sur la bêtise humaine. Elle marque aussi le triomphe de la société civile non structurée issue de tous les horizons professionnels, de toutes les couches sociales et de toutes les régions du pays laquelle s'est mobilisée en masse en lançant une pétition nationale ainsi qu'une série d'autres actions de sensibilisation et de protestation pour arrêter le massacre. L'administration nous a habitués à faire dans l'entêtement même lorsque la preuve est faite que l'on va droit au mur. Fort instruits de cette réalité, rares sont ceux qui avaient cru que l'action citoyenne pour la sauvegarde du parc d'El Kala, partie d'une initiative de quelques écologistes avant de devenir une affaire nationale, allait avoir raison des bulldozers qui s'apprêtaient à entrer en action et à violer l'intimité et la quiétude de ce site. Qu'est-ce qui a donc pu se passer pour que cette fois-ci les pouvoirs publics, habituellement arc-boutés sur leurs certitudes, sourds et rétifs aux idées et propositions venant des associations, des organismes professionnels, des milieux informels lesquels sont perçus souvent comme des empêcheurs de tourner en rond, admettent la nécessité de marquer une halte dans la mise en œuvre de ce projet et acceptent d'ouvrir une large concertation avec toutes les parties concernées ? Peu importe de savoir quelle est cette main providentielle qui est derrière la décision de surseoir à l'exécution du tracé routier à l'intérieur du parc d'El Kala ! Le message à retenir de la disponibilité affichée par le ministre des Travaux publics pour associer les parties concernées à la recherche d'une solution palliative acceptable et acceptée par tous, c'est que ce n'est que par le dialogue social, en toutes circonstances, que l'Etat pourra se réconcilier avec les citoyens. D'un autre côté, la mobilisation de la société civile pour sauver le parc d'El Kala renseigne combien est importante l'action citoyenne en tant que contre-pouvoir dans la gestion de la cité. Le sursaut écologique né à l'ombre du parc d'El Kala et qui semble avoir gagné les hautes cimes de l'Etat inaugure-t-il une nouvelle ère, celle de la responsabilité collective dans l'amorce de la Révolution verte en Algérie ?