Les dernières nouvelles théâtrales sont dramatiquement impertinentes. Est-il nécessaire de rappeler que la ville de Kaki et de Bouadjadj est en passe de réaliser une prouesse en organisant pour la quarantième année consécutive la tenue du festival national du théâtre amateur ? Une manifestation si chère à feu Djillali Benabdelhalim qui en fut l'incontestable fondateur et l'inamovible fertilisateur. Jusqu'à sa mort. Accoudé à l'activité débordante des SMA, dont la disponibilité était légendaire, il sortira des ruelles poussiéreuses de Tigjditt cette manifestation qui a le grand mérite de figurer au firmament de la toute jeune République algérienne. A l'époque, l'argent était si rare que des bénévoles s'en allaient quémander quelques victuailles auprès de simples commerçants. C'était le temps du bénévolat intégral et de l'insouciance à toute épreuve. De nos jours, la manifestation brasse des centaines de millions, sans pour autant offrir, ni en nombre, ni en qualité, des spectacles dignes d'intérêt. Après avoir lamentablement réussi à éliminer de cette édition symbolique toutes les troupes mostaganémoises, les organisateurs se seraient ravisés. Mais bien trop tard. Car le mal ayant été consommé, il semblerait que l'on ait offert à quelques troupes un chèque de 15 millions contre une prestation de 5 minutes. Ce qui ferait du festival de Mosta l'un des plus généreux de la planète culturelle. Car cela fait 3 millions la minute. Pratiquement un salaire royal. Pas peu fier, l'un des responsables, approché, aurait tout simplement balayé l'offre d'un simple revers de la main. A 40 ans, il était possible de faire venir au moins quarante acteurs des planches et de la plume, qui auraient raconté -contre un vrai carré de « karantika »- ce que furent ces glorieuses années du bénévolat et de l'indigence financière. Au-delà de ces sulfureuses histoires de gros sous, ce que les fans du IVème art attendent c'est que les organisateurs fassent que les vrais artistes -ceux qui ont marqué le festival- soient de retour. Ce retour sur les scènes respectives du stade Benslimane, de la salle Afrique, de l'esplanade de l'ITA, du théâtre de plein air et de la maison de la culture sera le plus beau cadeau que cette quarantième édition pourra offrir au public. Car, sans préjuger de la valeur des troupes retenues, il n'est pas normal de faire l'impasse sur celles qui auront véritablement fait vibrer les cœurs et les planches durant les quarante dernières années.