Les inquiétudes suscitées ces dernières années dans la commune de Sidi Ali Benyoub par les impacts des carrières d'agrégat sur l'environnement et la population ne font que croître. Des inquiétudes qui ont donné lieu à de nombreux mouvements de contestation (septembre et novembre 2006) réclamant la réduction de la pollution atmosphérique et sonore dans cette localité, où le taux de maladies respiratoires est des plus élevés dans l'Ouest, selon les habitants de la région. D'où la décision des pouvoirs publics de sévir contre les exploitants de carrières qui « portent atteinte à l'environnement ». Huit carrières d'agrégat sont alors sommées, dans un délai de deux mois, de prendre les dispositions nécessaires et « de se conformer à la réglementation en vigueur en ce qui concerne les émissions de poussières, sous peine de sanctions administratives », prévient la direction de l'Environnement. Les responsables de la wilaya vont plus loin et menacent de suspendre l'exploitation des carrières, voire même recourir à des poursuites judiciaires contre les plus récalcitrants. Sept mois après, rien n'a changé dans les environs immédiats de l'ex-Chanzy. La pose de filtres spéciaux au niveau des installations de concassage ainsi que la mise en place d'un système d'aspersion en eau des agrégats au moment du chargement des camions, comme l'exige un arrêté du wali datant de décembre 2006, n'a pas encore été appliqué. Les va-et-vient de camions transportant du gravier sont plus bruyants que jamais en raison, nous dit-on, d'une très forte demande sur ce produit, notamment avec le lancement du chantier de l'autoroute Est-Ouest. Etudes approximatives Est-ce là l'unique raison qui fait que les pouvoirs publics se montrent plutôt indulgents envers les exploitants des carrières, au risque de retarder la réalisation d'un projet structurant auquel le président de la République accorde la plus haute importance ? Pour certains universitaires, l'argument politique ne peut constituer à lui seul un motif suffisant pour l'ajournement de décisions portant sur la protection de l'environnement et de la santé de la population. En fait, les études réalisées ces dernières années par des chercheurs de l'université Djillali Liabés au sujet de l'impact des carrières sur l'environnement « contredisent presque totalement les appréciations faites jusque-là de manière très sommaire et hâtive sur l'étendue et les conséquences des phénomènes étudiés », nous fait-on remarquer. Celle effectuée sous la conduite du laboratoire de recherche en éco environnement des espaces et qui s'est fixée comme objectif principal de déterminer l'impact des carrières sur les principaux facteurs du milieu (paysage, sol et végétation, ressources en eau…), est des plus édifiantes. Parmi les principales conclusions tirées par les chercheurs en ce qui concerne notamment l'impact des poussières résultant de l'exploitation du site, il est à relever surtout que les résultats d'analyse montrent que ces particules ne contiennent pas d'éléments toxiques et ne peuvent être la cause des maladies infectieuses observées dans la région par les structures médicales et qui sont causées généralement par des agents pathogènes. Aussi, les cas d'asthme enregistrées ne « pouvaient être provoqués par les poussières de calcaire et d'argile composant la teneur des gisements de Sidi Ali Benyoub », selon cette étude. Même si, notent également les mêmes chercheurs, « la prévalence des maladies parmi la population de la localité se situe en deçà de la moyenne nationale, l'impact des poussières risque fort de provoquer chez l'homme l'aggravation des troubles à caractères cardio-vasculaire et respiratoire et autres maladies dont l'effet psychologique et différemment ressenti par les habitants ». Tout en rappelant que l'exploitation des dites carrières ne présente pas d'impacts négatifs à même de déséquilibrer l'environnement de la zone, mais engendre des nuisances sur les biens, le sol et la végétation, l'équipe de recherche n'a pas manqué en conclusion d'émettre des recommandations importantes en vue de l'élaboration d'un audit environnementale. Parmi ces recommandations figure l'installation de rideaux biologiques ou artificiels pour diminuer le transport des poussières, l'amélioration des modalités d'extraction en recourant au brouillard humide pour déposer les poussières dans le site des carrières et le transfert de l'opération de concassage vers des sites éloignés des agglomérations.