Dans quel monde vivons-nous et comment arrive-t-on à tromper les gens ? », s'exclame au bord des larmes Djillali Lahouel, un non-voyant, père de quatre enfants, menacé d'expulsion. « J'ai reçu la promesse d'un logement social en 1998 et mon nom avait été inscrit sur la liste des bénéficiaires en 2004 puis fut enlevé ! » M. Lahouel ne pouvait plus continuer à parler ; sa femme évoquera le nom d'un ancien premier vice-président de l'apc de Blida qui avait assuré que le nom y figurait. « Un de nos enfants avait 6 mois quand une commission était venue et avait promis de nous reloger. Aujourd'hui, l'enfant a dix ans et nous continuons à vivre dans l'humidité et le risque d'effondrement de la bâtisse », s'offusque la mère, elle-même handicapée physique. Cuisine, chambre et cagibi sont la partie commune d'un ensemble où chacune des parties se confond avec les autres. Délimitation mentale des espaces et aucun moyen matériel ou financier pour apporter une amélioration au vécu quotidien. Vivant de la générosité des voisins, la famille ne supporte plus le vent, le froid et la pluie comme elle appréhende la chaleur et sa cohorte de moustiques, de cafards, de rats et même de « fourmis qui en rajoutent à notre malheur avec leurs processions diaboliques », sanglote la mère. Elle martèlera sans retenue : « A chaque ramadhan, j'espère que ma condition sociale s'améliorera afin de montrer aussi à ma famille que le fait de prendre un non-voyant comme époux n'était pas une tare. » Il était incompréhensible que la belle-famille de M. Djillali refuse l'accueil de leur fille avec ses enfants. Le propriétaire de la bâtisse attend leur sortie pour procéder à la démolition tel que cela lui a été signifié par les services du CTC Sud pour la wilaya de Blida. Pas de réparation, pas de loyer, menaces au quotidien et un calvaire qui en découragerait plus d'un. Connu dans le voisinage, l'ange Djillali déclare ne pas vouloir devenir démon et qu'il serait tranquille s'il mourait.