Six mois déjà entamés dans le cadre de son deuxième mandat, après une retentissante victoire électorale en avril, Abdelaziz Bouteflika n'est jamais apparu aussi fort », écrit dans sa dernière livraison l'influente revue Middle East International, dont le siège est à Londres. La revue spécialiste des affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord note que le Président, « qui était considéré par le passé comme étant complètement à la merci de l'armée qui l'a installé au pouvoir en 1999, semble avoir réussi à accaparer tous les pouvoirs et à marginaliser ses anciens patrons de l'armée ». « Renforcé par des prix élevés du pétrole et par une victoire électorale qui a été considérée comme honnête (...), Bouteflika jouit d'un haut degré de popularité personnelle dans un pays qui reconnaît que sa politique a réussi à mettre fin à l'insurrection islamiste qui a commencé en 1992 ». Après avoir cité « un analyste algérien », qui estime que le rôle politique de l'armée est en recul et que le Président « est actuellement la seule personne en charge », Middle East International note que « les implications totales de la position de Bouteflika, qui ne cesse de se renforcer, n'ont pas encore livré tous leurs secrets ». « Cependant, ce qui est clair, c'est que le Président a réalisé son objectif de consolidation de son pouvoir et n'est plus, comme il l'a d'une manière fameuse décrit, un trois quart président ». Pour la revue, « le signe le plus clair du renforcement de sa position est venu au mois d'août dernier avec l'annonce officielle de la démission du général-major Mohamed Lamari pour “raison de santé'', le puissant chef d'état-major qui a dirigé la lutte contre les insurgés islamistes dans le pays durant 11 ans, et qui a été un membre-clé des “décideurs'', cette clique secrète de généraux en service et à la retraite dont on disait qu'ils étaient les réels détenteurs du pouvoir ». Middle East International estime que Lamari, « un critique de Bouteflika qui informait fréquemment la presse de son mécontentement vis-à-vis du Président, avait clairement indiqué qu'il était contre ce qu'il considérait comme l'échec des “politiques'' dans leur manière de traiter “la pensée fondamentaliste" dans la société algérienne ». « Cela était considéré comme une critique du Président qui avait appliqué une politique dont le but était de persuader les insurgés de déposer les armes contre la promesse d'une amnistie ». Après avoir signalé les changements opérés à la tête de l'armée par le chef de l'Etat, Middle East International écrit que « les nouveaux promus ainsi que le nouveau chef d'état-major, Gaïd Salah, ne sont pas considérés comme enclins à entrer en conflit avec le Président ». « Cependant, poursuit la revue, ce qui est considéré comme crucial pour les nouveaux pouvoirs de Bouteflika, c'est la décision du chef de la Sécurité militaire, le général Tewfik Mediène, de soutenir le Président. Un des décideurs lui-même, Mediène reste un homme puissant qui dirige un service qui a pendant longtemps pénétré chaque aspect de la société algérienne (...) ». S'agissant de l'avenir, Middle East International fait remarquer que « ce que Bouteflika fera de ses pouvoirs renforcés n'est pas encore clair, même si les analystes voient en lui un homme qui veut moderniser les aspects de la vie algérienne tels que l'éducation et le code la famille, des initiatives qu'il peut maintenant entamer sans avoir peur de ses opposants dans l'armée (...) ».