« De facture classique ou de versification libre, le poème, lorsqu'il sacrifie aux exigences du rythme et de l'harmonie, est un encensement pour les sens et l'esprit ». Conçus suivant une rigueur toute parnlassienne (on pense alors à Malarmé, Verlaine ou Rimbaud qui sont les purs représentants de cette école) ou dans la pure tradition surréaliste pour qui la règle est de ne pas avoir de règle du tout, les vers ont été à l'honneur du 30 juin au 3 juillet au centre culturel Mouloud Mammeri, à Bouira. De jeunes poètes et poétesses, venus de dix wilayas du pays, ont participé, en déclamant des vers, à cette rencontre dédiée à la poésie et à la nouvelle, dont c'était la 9e édition cette année. Chacun d'eux espérait, grâce à leurs écrits, retenir l'attention du jury et décrocher ainsi la timbale. Car dans l'idée des responsables du centre, une telle manifestation favorise chez les jeunes talents le goût du travail bien fait, l'esprit de l'émulation dans le respect de l'autre, tout en encourageant les échanges d'idées et d'expériences et le resserrement des amitiés. Dans son poème d'une vingtaine de vers, Salah, de Sour El Ghozlane, décrit le naufrage de l'esquif des mots qui conduit tout droit vers l'écueil des tabous, les idées et les sentiments qui s'aventurent hardiment sur la mer de l'affectivité. « Les mots meurent sur les lèvres. » Slimane de Médéa, qui cherche dans son poème en 45 vers libres, La Princesse, concilie tradition et modernité, le rêve, ou si l'on préfère le fantasme, vogue vers le futur sans jamais rompre tout à fait les amarres. Pour lui, le choix du vers libre est un acte libertaire : « Les mots naissent libres. Pourquoi les lier avec la rime ? » L'amour de la liberté conduit Laïd, de Mila, à lui dédier un poème de 40 vers dans la pure tradition populaire où le poète dialogue avec un oiseau en cage. Alliant littérature et droit (elle est avocate et écrit des nouvelles), Faïza de Batna est présente à ce festival de la poésie avec une nouvelle qui met en scène une émigrée qui rentre au pays pour apprendre la mort de son frère, mort qu'on lui a cachée longtemps...