La devise européenne s'est hissée vendredi dernier à un niveau record dépassant, pour la première fois depuis sa création, 1,38 dollar sur les marchés de change. Pour l'Algérie, qui achète en euros et vend en dollars, une telle hausse nuirait énormément à ses importations, en ce sens que 50% des marchandises importées proviennent de la zone euro. Beaucoup de produits risquent ainsi d'être touchés par ces hausses, particulièrement les médicaments et les véhicules, achetés essentiellement en Europe. Les opérateurs économiques estiment en effet que cette situation n'arrange pas les affaires des chefs d'entreprise. Au Forum des chefs d'entreprise (FCE), l'on pense que les retombées de l'euro fort seront inévitablement ressenties par les consommateurs, mais aussi les producteurs algériens. Selon M. Hamiani, président du FCE, « les produits européens seront pénalisés par la hausse de la devise européenne, car les importations vont s'orienter vers les pays où les facturations se font en dollar, à l'exemple des pays asiatiques et moyen-orientaux ». La bonne santé de l'euro face au dollar donne des inquiétudes aux importateurs algériens qui sont obligés de revoir leurs prix à la hausse. Pour les entreprises algériennes, notamment celles qui seront obligées de continuer d'importer d'Europe, « elles verront leurs coûts d'investissement augmenter » et seront confrontées à deux possibilités : « supporter cette hausse en diminuant leurs marges de bénéfice ou répercuter la hausse sur les prix des produits ». Cependant, il est peu probable, selon le président du FCE, que les entreprises optent pour l'augmentation des prix de cession de leurs produits à cause de la concurrence de produits importés surtout de Chine. Il convient de rappeler que l'importation de tous les intrants et autres matières premières se fait de la zone euro qui est proche de l'Algérie et avec laquelle nos opérateurs économiques ont des traditions commerciales. De plus, s'approvisionner loin de l'Europe signifie pour les opérateurs économiques des coûts de transport supplémentaires. Il n'en demeure pas moins que les avantages en matière de baisse de droits de douanes sur les matières premières importées d'Europe, en vertu de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE, ont vite été rattrapés, ces derniers mois, par la hausse vertigineuse des prix des matières premières sur les marchés internationaux, et aujourd'hui par la hausse de l'euro par rapport au dollar. Sur le plan macroéconomique, M. Hamiani pense également qu'une telle conjoncture ne bénéficie nullement à l'économie nationale trop dépendante des hydrocarbures vendus en dollars et non pas en euros.