La majorité des importations algériennes proviennent de la zone euro alors que les exportations se font en dollars. Pour ce qui est considéré par les observateurs et la presse privée comme peut-être sa dernière sortie médiatique en tant que ministre de Finances, Abdelatif Benach-enhou n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour remettre en cause, encore une fois, la politique présidentielle et les réformes initiées par le chef de l'Etat. Après avoir déclaré à partir de Paris, à l'occasion du séminaire sur le nouveau partenariat Algérie-France, «la devise du ministère que je dirige et qui est devenue celle du gouvernement..(...) est remise en cause». La flambée des prix internationaux du pétrole, qui dépassent actuellement les 50 dollars /baril, n´a pas entraîné une amélioration du pouvoir d´achat de l´Algérie, qui vend essentiellement en dollars et paie 70 % de ses importations en euros, a souligné jeudi à Alger, M.Abdellatif Benachenhou. «L´Algérie, qui exporte en dollars et importe en euros n´a pas, de ce fait, progressé en termes de pouvoir d´achat depuis cinq ans», a déclaré Benachenhou dans son intervention, en tant qu'économiste, certes, et non pas en sa qualité de membre du gouvernement, lors d´une rencontre méditerranéenne organisée par l´association internationale des «Lion's Club». Pour le ministre des Finances, la bonne santé, affichée par l'euro ces dernières années pénalise le pouvoir d'achat de l'Algérien. M.Benachenhou a expliqué qu´un baril de pétrole à 50 dollars aujourd´hui «ne vaut, en valeur réelle, que 30 euros et c´est donc le même prix enregistré en 2000». Entré en vigueur le 1er janvier 2002 avec une valeur initiale équivalente à celle du dollar, l´euro vaut actuellement 1,3 dollar environ. L´impact de la dégradation de la monnaie américaine par rapport à l´euro serait, en revanche, positif pour l´Europe, selon M.Benachenhou, mais négatif pour le pouvoir d'achat des Algériens. Auparavant, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, même s'il avait reconnu que la dévaluation du dollar par rapport à l'euro a eu un impact négatif sur le pouvoir d'achat des pays exportateurs de pétrole, à l'image de l'Algérie qui «achète 70 % de ses besoins sur le marché européen, alors que 30 % proviennent du marché américain», a, néanmoins, souligné qu'une utilisation de l'euro à la place du dollar, n'est pas une «décision sage» pour le moment. «Il est préférable d'effectuer l'achat en dollars et attendre que les fluctuations se stabilisent et utiliser d'autres instruments pour gérer les pertes de change et se protéger de ses risques», avait averti le ministre. C'est dans ce sens qu'il a exhorté les pouvoirs publics à développer les autres secteurs de production afin de ne pas rester tributaires de la manne financière du pétrole. En revanche, M.Benachenhou a précisé que «grâce à la hausse de l´euro, la flambée des prix du brut n´a pas tellement aggravé la facture pétrolière de l´Europe car cette dernière vend en euros mais achète du pétrole en dollars». Il faut donc, a ajouté l´orateur, que l´Europe «cesse, dans ses relations de coopération avec les pays de la rive sud de la Méditerranée, d´utiliser la hausse des prix du pétrole comme alibi».