La flambée de l'euro sur les marchés de change internationaux a eu pour impact une augmentation du taux de l'euro sur les circuits officiels et parallèles de la devise. La récente flambée de l'euro sur les marchés internationaux a eu des répercussions directes sur les circuits parallèles des changes en Algérie. La réaction du marché informel à travers ces diverses places a été remarquablement rapide. Les pourvoyeurs de ces lieux de changes officieux par excellence ne veulent aucunement rater cette chance inouïe pour revoir à la hausse leur taux. En l'espace d'une semaine, voire quelques jours, les cambistes du square Port-Saïd “vendent” 1 euro à 105 DA, alors qu'ils le cédaient entre 95 DA et 98 dinars. Ainsi, tout citoyen désireux acheter 100 euros doit payer désormais 10 500 DA. Comment explique-t-on cette brusque hausse ? Un jeune “courtier”, qui active dans cet endroit réputé de la capitale, évoque les conséquences de l'augmentation qu'a connue la monnaie unique sur le plan international. L'euro a franchi, en effet, le seuil de 1,36 dollar mercredi dernier sur le marché des changes pour la première fois depuis la fin du mois de décembre 2004, lorsqu'il avait établi son record historique à 1,3666 dollar. L'euro, qui valait 1,23 dollar environ il y a un an, dépassait vendredi dernier le seuil de 1,36 dollar, soit une hausse de quelque 10,5% sur l'année 2006. Même sur le change officiel, l'euro a apprécié de 99,16 DA à 99,96 DA il y a à peine 5 jours. Quant au cours commercial appliqué notamment pour les importateurs, il était fixé déjà à 95,13 DA le 16 avril. L'autre raison indiquée par notre interlocuteur a trait aux fournisseurs de ce marché informel. “Les gens, qui alimentent le marché parallèle, viennent essentiellement de Kabylie. Ce sont eux qui nous imposent un tel taux”, a-t-il avancé. L'euro a enregistré depuis la fin de l'année 2006 une évolution constante à plusieurs étapes, allant de 75 DA à 95 DA pour atteindre récemment 105 DA sur la place officieuse. L'appréciation de l'euro fait cependant craindre pour la reprise économique européenne à certains responsables industriels, notamment en France où la présidente du Medef, Laurence Parisot, avait appelé mardi dernier à une “véritable politique de change en Europe”. L'excès de faiblesse actuel du dollar, qui s'observe aussi face à la livre sterling qui a grimpé cette semaine au plus haut depuis 1981, est lié au ralentissement économique américain. limitant le coût des importations en Europe, l'euro fort tempère la facture pétrolière, libellée en dollars, et permet aux consommateurs d'acheter à bas prix des produits étrangers, à l'instar des t-shirts chinois et des appareils électroniques asiatiques. Pour les entreprises de la zone euro, la hausse de la monnaie unique équivaut aussi à une baisse du prix des matériaux et équipements achetés hors de la zone. Une entreprise qui importe, par exemple, des produits textiles d'Amérique du Sud ou d'Asie pour les distribuer voit donc d'un bon œil l'euro s'apprécier”. En outre, au sein de la zone euro, les produits locaux paraissent “comparativement plus chers que les produits importés, fragilisant les parts de marché des entreprises européennes sur leur propre territoire”, relèvera un économiste. Il s'agit de savoir si cette tendance à la hausse de l'euro, se répercutant sur le marché de change national, va se poursuivre. Dans ce scénario, les coûts des produits de consommation importés en Algérie risquent d'augmenter. Badreddine KHRIS