Cocktail pour le moins explosif en cette 4e soirée du Festival international de Timgad. En effet, si les artistes n'ont pas démérité et ont accompli avec brio leur mission, la soirée de samedi a été émaillée d'incidents qui ont failli gâcher et compromettre quelque peu le festival. Timgad. De notre envoyé spécial Les jeunes agglutinés aux alentours de l'entrée du théâtre romain, et qui n'avaient pas la possibilité de se payer un billet d'accès cédé au prix de 500 DA, ont tenté de trouver un badge ou un invité qui pourrait les introduire. Même s'ils formaient un attroupement, ils n'étaient pas agressifs, ils voulaient juste avoir la possibilité de voir les Salim Chaoui, Hamid Belbeche, Hakim El Kahina et autres Hakim Salhi et cheb Abbès, programmés pour la soirée. Excédés par cet attroupement et voulant dégager l'esplanade d'entrée, les services de sécurité ont dû utiliser la manière forte. Des jeunes nous ont déclaré être victimes de la hogra, l'un d'entre eux dira sans ménagement : « J'ai reçu des coups de ceinture, alors que j'étais loin du portail, ils sont devenus fous, on n'a rien fait de grave. » Et à un autre d'ajouter avec colère : « Ils veulent faire de nous des harraga ou des terro, on voulait juste, nous aussi, nous amuser, ils nous ont envoyé des pierres sur la tête, ils ont massacré un jeune… » A les écouter, on avait à craindre le pire, même si du côté sécuritaire, jamais autant de forces n'ont été déployées pour la tenue d'un festival ; une émeute a été évitée de justesse. Résignés, les jeunes ont su rester calmes et se tenir à carreau. Ils se sont finalement retirés loin de l'entrée, en ravalant leur grogne. Côté spectacle, l'on notera avec satisfaction la qualité de prestation des artistes. L'entame a été donnée par le groupe de musique traditionnelle chaouie Bouzaher, le bendir a rythmé ce début de soirée pour ensuite permettre aux Hamid Belbeche et Hakim El Kahina de chanter le chaoui d'aujourd'hui, qui porte le souci de restituer la saveur et toute la magie du patrimoine chaoui sur une mesure moderne. A voir se trémousser les jeunes, filles et garçons, on pourrait dire que les artistes ont plus que convaincu. Salim Chaoui, en excellente forme, a su monter haut la barre en reprenant son tube Zaouali Ou F'hel. Quant à Hakim Salhi, il a fait goûter au public quelques morceaux de son nouvel album, qui sera incessamment dans les bacs. Le clou du spectacle aura été sans nul doute l'entrée sur scène du nouveau prince du raï, cheb Abbès. C'était presque l'hystérie. Abbès n'avait qu'à diriger son micro vers le public qui, en chœur, reprenait avec grand enthousiasme Rouhou Liha Ougouloulha…, et autres titres de son fascinant répertoire, et ce, jusqu'aux lueurs du matin. Les déboires des journalistes De graves défaillances dans l'organisation ont poussé les responsables de l'ONCI à appliquer un régime restrictif et pour le moins très sévère aux journalistes, dûment accrédités pourtant à couvrir l'événement. En effet, les responsables, pour les éloigner des coulisses, n'ont pas trouvé mieux que de leur imposer de prendre des sièges avec le public et de ne pas en bouger. Le public n'a pas apprécié, vu que certains avaient payé leur ticket et n'avaient pas à rester debout. L'arbitraire est allé plus loin encore : il était impossible aux journalistes de s'approcher de la scène pour prendre des photos. Ce comportement fait suite aux défaillances et manquements rapportés par les journalistes lors des soirées précédentes et à leur position solidaire envers les correspondants de Tébessa et de Biskra, qui se sont vu rabroués et renvoyés de manière incorrecte, voire carrément humiliante. Certains d'entre eux ont dû passer la nuit à même le hall de l'hôtel Chelia, alors qu'une correspondante venue de Biskra a été malmenée et s'est vu arracher son badge sans ménagement aucun. Enfin, la tension monte chaque jour un peu plus, et certains journalistes pensent déjà, si les choses continuent ainsi, à se retirer de la manifestation ou carrément rester et boycotter l'événement.