L'écrivain Hamid Abdelkader a présenté son nouveau roman Maraya El khaouf (miroirs de la peur)(1) lundi dernier à la librairie Echihab. Dans son intervention, il indique que les références à l'histoire, dont il fait état dans son ouvrage, ne sont que des repères pour mieux cerner les caractères des personnages du roman et l'environnement social dans lequel ils vivent. Ainsi, explique-t-il, « mon livre n'est pas historique. Ce sont les éléments narratifs et émotionnels qui y dominent tout en usant de flashs-back et spirales ». En effet, le roman relate à travers le personnage de Zinou, amoureux de Nazli, les différents chambardements qui ont marqué la société algérienne. Zinou tente de séduire Nazli en lui parlant de littérature. Mais il ne suffit pas de mots pour gagner les sentiments de la jeune fille qui a choisi un autre prétendant, un riche commerçant devenu terroriste par la suite. L'Algérie, outre le terrorisme, est entrée inerme dans l'ère du libéralisme sauvage, appelée par euphémisme l'économie du marché. Dans cet environnement de terreur et de misère, Zinou, malgré son intelligence, ignore qu'en telles situations, c'est l'argent qui prime sur les idées. L'auteur met en lumière l'enfance de Zinou dans la seconde partie du roman pratiquant ainsi des fissures dans le temps. Un temps plein de fêlures. Zinou essaie de comprendre la période de la révolution de 1954, lui qui est né après l'indépendance. Et les différents événements ayant marqué cette guerre, entre autres, le conflit FLN-MNA, le personnage de Abane Ramdane. Mais comme la mémoire est indomptable aux œillères et carcans, d'autres événements ressurgissent. Ils se sont déroulés après l'indépendance à l'exemple du coup d'Etat du 19 juin 1965. Toutes ces convulsions historiques, il ne les a pas vécues ni lues dans les livres. Ce sont ses proches qui les lui ont relatées. Ils en étaient témoins. Zinou finit par rencontrer Nazli à la montagne où elle a rejoint son mari. Ce dernier a été abattu. Que faire en cette circonstance ? Zinou retourne au milieu de ses livres. A lire le roman de Hamid Abdelkader, il ressort que le parcours individuel peut mettre en lumière les bouleversements d'une société. Une société livrée à des chamboulements qu'elle n'arrive pas à absorber. La mémoire est refoulée, mais le passé passéiste resurgit pour étouffer le présent. Et quand le mort saisit le vif, le temps devient circulaire et la société s'effiloche. Le « je » tente de créer son propre monde au risque de se noyer dans le « nous ». (1) Hamid Abdelkader. Maraya el khaouf, éditions Echihab, Alger 2007.