Quand salmonelle, shigelles, sisteria… s'invitent au menu, les bons petits plats sont parfois difficiles à digérer. Chaque année, à l'approche de l'été, les intoxications alimentaires se font de plus en plus importantes. On enregistre 4000 à 5000 cas par an. Un chiffre qui a, ces dernières années, visiblement diminué. 2 112 cas d'intoxications alimentaires et trois décès ont été enregistrés en 2006. La tendance semble avoir baissé au courant de l'année 2007. Les services de la prévention au ministère de la Santé comptabilisent, jusqu' au 11 juillet dernier, 919 cas et aucun décès. Mais ceci n'est que la partie visible de l'iceberg. Les maladies transmissibles par les aliments constituent un danger permanent. Certaines d'entre elles sont considérées comme émergentes parce qu'elles sont devenues plus courantes. La majorité des cas d'intoxications alimentaires échappe au système de surveillance. Les toxi-infections alimentaires collectives sont dues surtout à des staphylocoques, des salmonelles, des colstridies, des colibacilles et des shigelles, qui contaminent les aliments ou l'eau. Ajoutons qu'une autre source d'insalubrité est représentée par la pollution des aliments par divers résidus, comme les polluants organiques persistants, les résidus d'engrais ou les produits phytosanitaires, l'arrosage des légumes avec des eaux usées, les rejets industriels de métaux lourds, comme le mercure. La consommation de volaille et d'œufs, de pâtisserie et viande rouge constituent des voies épidémiologiques importantes de transmission de la maladie. De plus en plus nombreux sont ceux qui prennent des repas à l'extérieur du domicile, préparés dans des restaurants, des cantines, des fast-foods, sur les plages. Gare au couscous La préparation de la nourriture dans de mauvaises conditions d'hygiène fournit aux germes pathogènes de nombreuses occasions de contaminer les aliments, de survivre et de se multiplier. Ces cas sont ceux déclarés. Combien sont-ils ceux qui ont eu des indigestions suivies de vomissements et de diarrhées ? Les services de la prévention mettent en garde contre la consommation de tous les produits commercialisés dans des endroits où les conditions d'hygiène ne sont pas respectées, à savoir chez des vendeurs ambulants de pain, en passant par ceux des fruits et légumes qui étalent leurs marchandises n'importe où, les gargotiers, etc. Le couscous est aussi, l'un des aliments incriminés dans les cas d'intoxication alimentaire collective. Les origines de ces intoxications sont multiples. Le non-respect de la chaîne de froid, a souligné le dr Ouahdi, directeur de la prévention au ministère de la Santé, a causé d'énormes problèmes pour certains aliments qui nécessitent des conditions de conservation strictes. Les œufs constituent, selon lui, une première source de contamination. Les règles de conservation ne sont pas du tout respectées par les commerçants. Les œufs sont transportés dans des camions non frigorifiques pour être par la suite exposés au soleil. « Il s'agit d'un produit qui se conserve à une température de +4 à 6 degrés. 99% des œufs qui se vendent dans les commerces sur l'ensemble du territoire national sont de mauvaise qualité », a-t-il signalé en précisant que la pâtisserie qui est fabriquée à base d'œufs constitue un danger pour la santé des citoyens. L'eau minérale exposée au soleil peut aussi être à l'origine de ces maladies. Par ailleurs, le Dr Ouahdi fait référence à l'achat de la viande hachée préparée à l'avance que les citoyens doivent bannir : « Elle est un véritable bouillon de culture », a-t-il précisé en signalant qu'il est aussi question de poulet non éviscéré. La manipulation des viandes rouge et blanche par un même marchand peut aussi être une source de contamination, a ajouté le Dr Ouahdi, sans s'empêcher de rappeler le triste épisode du botulisme qui a fait plus d'une quarantaine de morts dans la région de l'est du pays en 1997. Pour le directeur de la prévention, le citoyen doit être prudent par rapport à ce qu'il consomme, notamment dans certains endroits comme la plage, les gargotes, les fast-foods, etc. « Il faut bannir les repas déjà préparés et faire sérieusement attention à la date de péremption des produits. C'est très important », a-t-il insisté. Concernant les intoxications alimentaires collectives, le couscous se trouve en tête de liste lors des cérémonies de mariage ou lors des occasions festives. « Elles sont aussi importantes dans les restaurants, les cités universitaires ou les cantines scolaires. Dans ces cas-là, c'est souvent la chaîne de froid qui n'est pas respectée. » La loi, rappelle-t-il, oblige ces organismes à avoir un plat-témoin dans le réfrigérateur durant 12h pour pouvoir contrôler et analyser dans les constituants dans le cas d'une intoxication alimentaire. Il a également insisté sur le renforcement des contrôles rigoureux. Nul n'ignore les défaillances du système de surveillance et de contrôle. La mise sur les étals de la viande congelée, des produits laitiers loin des normes requises pour leur conservation, l'absence d'attestation de conformité et du registre du commerce sont, entre autres, les transgressions constatées dans les différents marchés algériens. Le représentant, le Dr Ouahdi, n'a pas manqué de rappeler que la problématique de ces toxi-infections alimentaires relève de plusieurs départements ministériels, en pointant du doigt le ministère du Commerce. Il dénonce, entre autres, la facilitation d'obtention du registre du commerce, le manque de professionnalisme et d'expérience dans le domaine, l'absence de certificat de conformité et l'absence de règlements sanitaires et urbanistiques.