Le marché de la bière ne cesse de prendre des couleurs à Oran. Deux grandes marques rassemblent, à elles seules, près de 80 % des ventes, dominant, de fait et de loin, les nombreux autres produits concurrents. Il y a bien sûr la beaufort, mais la vedette est, sans conteste, la fameuse bière populaire "31". Oran : De notre bureau Dans la deuxième ville du pays, la bière profite du flux des vacanciers en été mais aussi de la progression du nombre des bars- hôtels- restaurants. Installée depuis quatre générations à avenue Sidi Chahmi, la brasserie publique détient 60 % de parts du marché oranais. "Ici, on brasse plus de 70 000 hectolitres chaque année", explique M.Boulfad, PDG de BAO. C'est la fameuse traditionnelle bière 31combinant un savant mélange d'orge, de houblon, de levure et d'eau. Populaire, elle a su résister à la concurrence. Depuis plus d'un siècle, et au fil des années, l'établissement s'est forgé un nom. Dans le même temps, les bières importées d'Europe, sont loin de la concurrencer. Son succès est tel que la stratégie de l'entreprise, elle, a connu un véritable tournant. Les méthodes artisanales de gestion et de production sont alors remises au placard. En 2005, l'entreprise à procédé au renouvellement de ses équipements, pour booster la marque à coup de plusieurs dizaines de millions de dinars d'investissements . A côté de cette brasserie publique, Oran compte aussi le puissant groupe Castel, l'un des leaders mondiaux de négoce de vin, de la bière, des eaux minérales et boissons gazeuses. Installé à Tlelat, ce groupe produit , en plus de Castel, 33 Export, Coca-Cola et bien sur la Beaufort qui se vend très bien. "Les ventes progressent de 6% chaque année, grâce aux étés toujours aussi chauds mais surtout à l'effet "accro" des consommateurs", confie Hamid, comptable chez un distributeur bien connu sur la place d'Oran. "On brasse des milliards de centimes . Les jeudi, les ventes explosent", confie encore, ce comptable. "Les ventes ont progressé en volume depuis le début de l'année par rapport à l'an dernier. En quatre ans, le volume vendu a presque doublé", observe-t-il encore. Pourtant, la concurrence devient de plus en plus rudes ces dernières années, selon les professionnels. Rude concurrence Le marché de la bière a changé de visage ces dernières années. De nombreuses marques feront leur apparition. La concurrence devient féroce lorsque les nouveaux venus, des marques telles que Heineken, Stella, ou encore Kronembourg, commencent à grignoter des parts de marché, en lançant de nouveaux produits . Mais ces produits importés doivent faire face aux taxes fiscales et douanières. A la TVA de 17 %, vient s'ajouter les droits de douanes. Résultat : les importateurs sont en difficulté à Oran, tout comme le sont les produits de la première brasserie privée à voir le jour en Algérie, la Sarl Tango. La Stella Artois et l'allemande Beck's qu'elle exploite sous licence, peinent ainsi à percer à Oran. La concurrence est rude, mais le marché est loin d'être saturé. "Les importateurs maîtrisent quasiment l'ensemble du circuit de distribution", observe un distributeur. De nouvelles marques de bière sont venues ainsi briser le monopole des brasseries publiques. Ce monopole brisé, le marché a explosé, ces dernières années. Phénomène qui fait grincer les dents aux associations de consommateurs dont celles qui luttent contre l'alcoolisme. "Hausse du phénomène de l'alcool au volant, problèmes de santé publique... la consommation d'alcool en Algérie est en hausse depuis vingt-cinq ans. La consommation continue sur sa pente ascendante. Une tendance qui pourrait s'accentuer dangereusement", avertissent ainsi les associations de consommateurs.