C'est pour la première fois qu'un travail de recherche traite de la qualité de vie des patients traités du cancer. Un travail « remarquable » qui illustre le lourd tribut social payé par les malades souffrant de mutilation grave. Le Dr Saheb Ali, maître-assistant au service ORL à l'hôpital de Beni Messous, est l'auteur de cette thèse qui fait une « évaluation de l'impact du traitement sur la qualité de vie des patients traités pour le cancer du larynx », portée, hier, à l'appréciation de la communauté médicale. Les membres du jury constitué des professeurs en ORL des différents services ont jugé ce « travail d'un haut niveau ». Cette « excellente » thèse, selon ses maîtres, lui a valu les félicitations du jury avec mention très honorable et le propulse au rang de docteur en sciences médicales pour atteindre le statut de professeur agrégé. « Le document que le candidat a présenté constitue un sujet d'actualité. Un document de base et de référence pour le futur. Il est le premier à avoir fait ce travail. Un travail de haut niveau », a déclaré le président du jury le Pr Mehadji, chef de service ORL à l'hôpital d'Oran. Un travail original, a estimé le Pr Yahi Ait Mesbah, chef de service ORL à l'hôpital de Kouba et membre du jury. « La qualité de vie des malades est souvent négligée. Une fois les actes médicaux effectués, le malade se retrouve livré à lui-même alors que le poids des séquelles de la maladie pèsent lourdement sur lui. Ces malades ont besoin de soutien et d'aide pour être réintégrés dans la vie sociale », a-t-elle souligné. Pour le Pr Zemirli, chef de service ORL à l'hôpital de Beni Messous, le travail de son proche collaborateur est une fierté pour son équipe. « Une équipe pour qui le malade est au centre des préoccupations. On doit tenir compte de la vie du patient dans la société et son insertion », a-t-il déclaré. Ce qui nécessite, selon le Dr Saheb, un réseau multidisciplinaire pour la prise en charge des malades cancéreux. D'autant que, a-t-il ajouté, le cancer du larynx est très particulier par rapport aux autres cancers car il vient perturber gravement la vie relationnelle du patient qui se retrouve sans ses fonctions vitales (respiration, phonation, odorat ...) et la perte de la communication orale. Des séquelles qui nécessitent une réelle prise en charge avec des appareils et des supports adéquats. « Ce que nos malades ne trouvent pas toujours, ou bien ils ne sont pas remboursés par la sécurité sociale tels que les accessoires de réhabilitation des fonctions physiologiques normales altérées, les filtres par exemple. » Le travail effectué par le Dr Saheb met en relief toutes ces difficultés rencontrées par les 70 malades pris en charge dans le service durant trente mois. La majorité de ces patients, a précisé le Dr Saheb, sont des fumeurs qui ont souffert, dans le premier temps, de l'enrouement de la voix et qui ont subi l'ablation totale du larynx par la suite. Il a tenté d'expliquer à travers cette recherche que le malade n'est plus considéré du seul point de vue clinique. Ce qui est, selon lui, un aspect déjà acquis. Mais d'autres paramètres sont pris en compte comme les séquelles des traitements, le retentissement psychologique et social de la maladie. Ainsi, il met en exergue les besoins en matière de supports sociaux. Ce qui doit être, d'après lui, identifié et mis en place pour leur utilisation. « Mon travail consiste à sensibiliser les gens et dire que la qualité de vie est un outil de travail dans la pratique clinique de tout clinicien ». Car, il estime qu'il est important de créer des échelles de qualité de vie, créer des unités pour soins palliatifs et la mise en place d'un réseau multidisciplinaire pour la prise en charge de ce type de maladie. Le soutien psychologique est, selon lui, un des aspects très importants dans le suivi de ces malades et de leurs proches. Le rôle des associations est primordial dans cette dure épreuve.