L'industrie pétrolière iranienne existe depuis cent ans. Nous avons une grande expérience dans l'exploration, la production et le raffinage du pétrole. Téhéran (Iran). De notre envoyé spécial L'Algérie a également une grande expérience dans le domaine », a déclaré le président iranien qui sera en visite officielle à Alger les 6, 7 et 8 août. Il a également parlé de gestion commune de projets dans le secteur des hydrocarbures. Mahmoud Ahmadinejad a défendu dans la foulée l'idée de la création d'une Opep du gaz, projet soutenu aussi par la Russie et le Venezuela. Des pas positifs sont faits dans ce sens. Cela sera bénéfique pour tous les pays qui ont des réserves importantes de pétrole et de gaz », a-t-il dit. Des experts planchent actuellement à Moscou sur ce projet et doivent soumettre bientôt leurs propositions aux pays concernés. Ce groupe a été constitué après la conférence de Doha (Qatar) qui a réuni les pays exportateurs de gaz. « La question de l'énergie se posera aujourd'hui, demain et dans des siècles. Les pays qui ont des réserves de gaz et de pétrole doivent trouver les moyens de bien coordonner leurs actions », a déclaré le président iranien. Sur le dossier du nucléaire, M. Ahmadinejad a voulu être rassurant. Il a souligné que toutes les actions menées par son pays se font en respect des lois, règlements et conventions adoptés par la communauté internationale. Selon lui, l'Iran est le pays qui travaille le plus avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). « L'Iran n'a pas demandé plus que son droit à l'énergie nucléaire. Et nous ne sommes pas prêt à céder d'un seul pouce sur ce droit. Nous allons poursuivre nos efforts dans le cadre du droit international », a-t-il soutenu. Il a confirmé avoir déclaré que l'Iran fait partie désormais du « club nucléaire » qui, selon lui, est un organisme officiel avec un conseil d'administration. « Je peux dire que l'Iran est un Etat nucléaire », a-t-il ajouté. Rencontré plus tôt dans la journée, le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a insisté sur le point de vue que partagent l'Algérie et l'Iran sur l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Il rappelé la collaboration de son pays avec l'AIEA et avec le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine, France et Russie, plus Allemagne). Mohamed Ali Husseini, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a relevé, lui, que le principe de dissuasion nucléaire n'existe pas dans la stratégie de défense de l'Iran. D'après lui, l'imam Khomeiny a décrété, depuis plusieurs années, une fetwa interdisant « la fabrication et l'utilisation » d'une bombe atomique. « Politique indépendante » Mahmoud Ahmadinejad a évoqué la qualité des relations de son pays avec l'Algérie. « Nous avons des positions rapprochées sur les grandes questions qui se posent à un niveau islamique, régional ou arabe (…). Le président Bouteflika est une personnalité distinguée qui a une vision claire sur les grands dossiers internationaux et qui défend l'indépendance et le droit des peuples », a-t-il déclaré. Le président iranien apprécie « la politique indépendante » de l'Algérie. Il a expliqué les raisons de l'annulation de l'escale technique qu'il devait faire à Alger en janvier 2007. « J'avais une urgence à régler à Téhéran liée à la loi budgétaire. J'ai envoyé un message d'excuses au président Bouteflika », a-t-il expliqué. L'Iran est, selon lui, hostile à toute action de type terroriste quelles qu'en soient la nature ou les raisons. « L'Islam a interdit l'assassinat d'innocents où qu'ils se trouvent. Certaines puissances pensent qu'il existe de bons ou de mauvais terroristes. Nous sommes contre cette vision. Les puissances qui utilisent les terroristes comme instrument politique ne peuvent pas prétendre lutter contre le terrorisme », a soutenu le président iranien. Il a rappelé que son pays a souffert, par le passé, du fléau terroriste au point qu'un président de la République y avait été assassiné. « Nous rejetons toutes les méthodes terroristes quels qu'en soient la dénomination ou le motif (…). Tout peut se régler, en cas de problème, par le dialogue et la logique », a-t-il ajouté. Il a critiqué « la vision partiale » des Occidentaux sur le dossier des droits humains. Sans citer de nom, il rappelle que le gouvernement du shah en Iran, connu pour sa tyrannie, avait bénéficié de tous les soutiens. « Les USA sont arrivés à la fin de la ligne » « En Europe, il existe des prisons secrètes qu'on trouve conformes aux principes des droits de l'homme. Aux Etats-Unis, on écoute les conversations téléphoniques des gens. En Grande-Bretagne, on espionne les personnes par des caméras. En Palestine, Israël commet des boucheries. Mais personne n'en fait un scandale », a dénonce le chef d'Etat d'Iran. M. Ahmadinejad a estimé que son pays n'est pas inquiet par la décision des Etats-Unis de vendre des armes à l'Arabie Saoudite, à l'Egypte, au Koweït, aux Emirats arabes unis et à Israël. Le contrat global, qui s'étale sur dix ans, est estimé à 63 milliards de dollars et est destiné, à en croire des officiels américains, à contrer « le danger » iranien et à contenir la Syrie. « Ce n'est pas nouveau. Durant les vingt dernières années, les Etats-Unis ont vendu l'équivalent de 400 milliards de dollars en armes et matériel militaire. Ils veulent toujours trouver des marchés à leur production d'armement dans la région. Leur but : créer des divisions entre des pays frères », a-t-il déclaré. Les Etats-Unis ont, selon lui, détecté un certain malaise chez leurs alliés dans la région après le début des négociations avec Téhéran sur la situation en Irak. « Pour détourner l'attention, ils leur vendent des armes. Ces pays devraient plutôt mieux utiliser leur argent au profit de leurs peuples. L'Amérique cherche par la même occasion à présenter Israël comme un ‘‘ami'' des Arabes et l'Iran comme ‘‘un ennemi''. C'est flagrant », a analysé le président iranien. A ses yeux, les USA ont échoué dans leur politique dans la région. « Ils sont arrivés à la fin de la ligne », a-t-il martelé. Il réaffirme la position de son pays à soutenir le droit du peuple palestinien d'avoir un Etat. « Notre soutien est inconditionnel. Quant aux Israéliens, ils peuvent chercher un endroit ailleurs », a-t-il dit. Parlant de la complexité de la situation en Irak, il a estimé que la stabilité de ce pays voisin est liée à la reconnaissance du gouvernement, du Parlement et de la Constitution. Le facteur principal du retour à la paix en Irak demeure, selon lui, le départ des forces d'occupation. M. Ahmadinejad n'a pas voulu trop s'étaler sur la probabilité d'une alliance future entre son pays, la Russie et la Chine. « Nous sommes pour des relations fortes avec tous les pays », a-t-il dit à la fin d'une rencontre qui a duré plus d'une heure au palais présidentiel à Téhéran. La télévision publique diffusera cette émission la veille de la visite à Alger du président iranien.