Alger et Téhéran ne feront pas dans la dentelle. Leurs projets de coopération porteront sur les domaines les plus sensibles de l'économie mondiale. Ahmadinejad, le président de la République islamique d'Iran a disposé d'un atout de choix pour rendre sa visite à Alger des plus attractives. La presse nationale du pays hôte, l'Algérie. Une opération marketing couverte par des quotidiens nationaux en visite à Téhéran. Le président iranien annonce, d'ores et déjà, à travers ces canaux médiatiques, les principaux axes des discussions qui seront au menu de ses rencontres avec les hauts responsables algériens. Des projets certes, mais aussi des contrats à la clé, sans aucun doute. 4e pays exportateur de brut dans le monde, l'Iran s'affirme comme un des «géants pétroliers» incontournables. Les expériences respectives des deux pays dans les domaines de l'exportation, de la production et du raffinage de l'or noir, devraient pouvoir conduire à une coopération étroite et fructueuse dans le secteur de l'industrie pétrolière. «La question de l'énergie se posera aujourd'hui, demain et dans des siècles. Les pays qui ont des réserves de gaz et de pétrole doivent trouver les moyens de bien coordonner leurs actions», a déclaré jeudi Mahmoud Ahmadinejad lors de la rencontre avec les journalistes algériens. Le président iranien n'a pas évité la question qui brûle toutes les lèvres: le dossier nucléaire. Il l'évoque de manière sereine. Il estime que son pays n'a enfreint aucune loi, ni règlements ou conventions édictés par la communauté internationale. Les sanctions prises contre son pays par le Conseil de sécurité, ne feront pas reculer d'un iota l'Iran, sur cette question. «L'Iran n'a pas demandé plus que son droit à l'énergie nucléaire. Et nous ne sommes pas prêts à céder d'un seul pouce sur ce droit. Nous allons poursuivre nos efforts dans le cadre du droit international», a-t-il confié. La diplomatie algérienne sera sans aucun doute mise à contribution, notamment sur ce point. Les relations entre les deux pays seraient excellentes et d'un haut niveau. Mahmoud Ahmadinedjad les porte en haute estime. «Nous avons des positions rapprochées sur les grandes questions qui se posent à un niveau islamique ou arabe...Le président Bouteflika est une personnalité distinguée qui a une vision claire sur les grands dossiers internationaux et qui défend l'indépendance et le droit des peuples.» C'est que la diplomatie algérienne a joué un rôle majeur, surtout dans les conflits qui ont opposé l'Iran aux Etats-Unis. L'affaire des 52 otages américains faits prisonniers le 4 novembre 1979 puis libérés après 444 jours en témoigne. Dans le collimateur de l'administration Bush qui n'a sans doute pas oublié l'opération Eagle Claw «Serre d'aigle», Téhéran peut être menacé à tout moment. Cette opération militaire menée les 24 et 25 avril 1980, était destinée à secourir les 52 otages prisonniers à l'intérieur de l'ambassade américaine à Téhéran. Elle s'est terminée en débâcle. Huit militaires américains ont trouvé la mort. Un C-130 et des hélicoptères sont détruits suite à une collision. l'Arabie Saoudite, le Koweït, l'Egypte, les Emirats arabes unis et Israël vont être armés par les USA. Un contrat de plus de 63 milliards de dollars. Cela devrait servir à maîtriser «l'axe du mal» Iran-Syrie. Les Américains ne l'ont pas caché. Ce qui n'inquiète pas outre mesure le président iranien. «Leur but: créer des divisions entre pays frères», a déclaré ce dernier.Ahmadinedjad a le regard tourné vers Alger. L'Algérie est un partenaire économique de choix et un allié qui pourra compter dans les moments difficiles.La page qui a assombri les relations algéro-iraniennes semble définitivement tournée. La diplomatie algérienne actionnée par l'arrivée de M.Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat, a retrouvé ses marques. Une voix qui compte et qui a fait défaut dans le concert des nations durant une décennie. A petits pas, le fil des relations entre Alger et Téhéran s'est retissé. Discrètement, à l'image de cette jeune diplomatie algérienne née dans les maquis.