L'affaire Eriad-Sétif, qui défraye la chronique judiciaire des Hauts-Plateaux sétifiens, prend, avec la sortie de la défense qui rompt le silence, un autre virage. Sétif : De notre bureau Me Ahmed-Saï, le bâtonnier de la région de Sétif et avocat des gestionnaires mis en cause, pointe le doigt vers les décideurs « qui ont, selon lui, permis dès 1992 au premier venu, bénéficiaire d'un prêt bancaire, d'importer clés en main des minoteries à l'origine de la déstructuration du secteur, confronté à une féroce et déloyale concurrence. Cette politique a accentué les difficultés de l'entreprise ne pouvant faire face seule au nouveau paysage commercial », souligne en préambule l'avocat qui estime que « pour préserver l'outil de production, le produit exposé aux avaries et les emplois de 2300 agents du groupe, les gestionnaires étaient dans l'obligation de passer par la vente à terme. Ceci dit, l'affaire traitée actuellement par le tribunal des délits est une affaire purement commerciale, sachant que toutes les transactions ayant engendré des créances impayées sont consignées dans des documents notariés », précise notre interlocuteur qui enchaîne : « Les créances des cinq dernières années, ayant atteint d'après les experts chargés du dossier 140 milliards de centimes, sont comparativement aux 22 000 milliards de centimes, représentant le chiffre d'affaires des ventes, raisonnables d'autant qu'annuellement ces créances ne dépassent guère les 20 milliards de centimes. La chambre commerciale a statué sur la question tout comme le tribunal criminel de Biskra ayant estimé que l'affaire possède un cachet commercial », indique le bâtonnier qui n'oublie pas de déclarer que les commerçants poursuivis se sont engagés à verser mensuellement des traites suite à l'accord de rééchelonnement de la dette paraphé par les deux parties. Il convient de mentionner que de nombreux cadres dirigeants et commerçants, écroués depuis le 9 mars 2007 (voir El Watan du 11 avril 2007) aux motifs de dilapidation de deniers publics, de créances douteuses sans garanties par hypothèque et chèques impayés entre autres, sont ces jours-ci jugés. Notons que la descente aux enfers d'Eriad-Sétif, un groupe considéré dans un passé récent comme un fleuron de l'industrie agroalimentaire du pays et un exemple de la bonne gestion, d'autant qu'il avait, au début des années 2000, engrangé des bénéfices ayant dépassé plus de 2 milliards de dinars, résulte de l'instabilité des managers et de l'ouverture d'un secteur désormais pléthorique en minoteries et semouleries, produisant actuellement plus de deux fois la demande nationale.