Une autre catastrophe écologique menace l'environnement de la région d'Oran, en général, et la corniche oranaise en particulier. Il s'agit des quantités énormes de « cadavres » de bouteilles de bière qui s'amoncellent dans l'indifférence totale sur les fossés, les falaises et même à l'intérieur du tissu urbain. Selon un responsable de la société algérienne des verres « Alver », le verre représente 12% du poids des ordures ménagères. Il semble que ce pourcentage a été évalué selon la production en déchets relative aux ménages moyens. Il faut savoir qu'avec la vulgarisation de la bouteille de bière non retournable, dite communément sans consigne, une calamité écologique d'une autre nature s'est abattue sur la corniche oranaise. Selon les responsables d'Alver, « vu ce volume conséquent, ne pas le récupérer et le recycler serait un énorme gâchis aussi bien au niveau des matières premières, de l'énergie, qu'au niveau environnemental ». Les avertissements lancés par les responsables d'Alver ont été tous aplanis. L'absence d'une volonté pure et simple des pouvoirs publics a fait que les falaises sablonneuses qui parsèment l'autoroute (St Roch/Les Andalouses) se transforment en de vraies décharges sauvages où le spectacle des milliers de bouteilles donne le tournis. Les gens qui se sont installés sur le bord de route pour se délecter de la brise marine et du spectacle féerique de la courbe de l'horizon, trinquaient et lançaient les bouteilles de bière par les vitres de leur mécanique. Amas encombrants Les démarches entreprises entre une société comme Alver vis-à-vis des pouvoirs publics (ministères de l'environnement, les directions de wilayas, élus locaux), semblent ne pas aboutir. L'installation de 10 containers standardisés à travers les différents secteurs urbains, sur les places publiques à grande affluence comme la place de la Bastille, a été soldé par un véritable échec. Selon le responsable d'Alver, les livraisons des verres collectés ont été mélangées avec d'autres matières solides. Aucun tri systématique n'a été effectué par les services de l'APC avant le déchargement. Il en résulte des amas encombrants d'un pseudo calcin qui attendent d'être triés dans les entrepôts d'Alver. Les déchets solides collectés avec le calcin sont très néfastes pour les équipements de l'usine qui ont été remis à niveau en 2002. Alver a fini par refuser d'acheter ce genre de livraisons mélangées. Les responsables d'Alver ont plaidé que leur trésorerie ne permettait pas de créer un service de tri des déchets ; d'ailleurs, c'est du ressort des services de la municipalité. Par contre, ils ont garanti qu'ils aideront toutes les entreprises qui œuvreraient dans ce secteur. La situation préconisait l'encouragement des jeunes chômeurs de se former en groupes pour la création de petites entreprises, à travers l'ANSEJ. D'après le pronostic d'Alver, la masse annuelle de verre en circulation actuellement sur le marché étant de l'ordre de 50 000 tonnes de verre creux et 25 000 tonnes de verre plat. Avec une capacité de traitement de 150 tonnes/jour, Alver pouvait en effet débarrasser la région de cette calamité. Grâce à l'aide des entreprises de boissons (GBA, ENAJUC, ONCV, des fabricants privés) et avec 12 autres récupérateurs privés, environ 5 000 tonnes en 10 mois de divers verres ont été récupérées. Les opérations, dites pilotes, lancées en partenariat entre Alver et l'APC et ponctuées par une campagne publicitaire de sensibilisation : la réalisation d'un reportage audiovisuel diffusé par l'émission « Sabahiates » et par la radio El Bahia, la participation à l'organisation d'un séminaire avec la direction de l'Environnement et l'EPIC Oran_Propreté, ont été sans lendemain. Dans les décharges de verres de la corniche, la majorité des « cadavres » des bouteilles de bières sont d'un verre très fin, importé depuis l'Espagne par un tiers brasseur, « puisque la société Alver n'a pas la technologie adéquate pour produire ces bouteilles fines et légères », tient à préciser ce dernier.