Le paysage qui, jadis, était verdoyant, est pollué à un point extrême. Une association de la commune de Tifra a organisé, récemment, pour la deuxième fois, un volontariat pour le ramassage de tonnes et de tonnes de bouteilles et canettes de bière vides que les consommateurs, inconscients du mal qu'ils font, abandonnent tout le long des fossés et surtout les endroits prisés pour la vue qu'ils offrent aux visiteurs. Depuis un certain temps déjà, le massacre de nos contrées défigure le paysage. Les lieux où les plages bien aérées offrent une vue imprenable sur la mer, sont envahis par des quantités de tessons de bouteilles et de bouteilles vides qui s'amoncellent le long des routes ou sur les places qui auraient pu constituer d'excellentes aires de pique-nique pour les familles. Ce sont ces endroits paradisiaques que l'Association pour la protection de l'environnement du village Ait Mahiou s'échine à récupérer, aidée en cela, par le maire qui fait du rapprochement avec la masse juvénile, son cheval de bataille. Ce qui se passe dans cette commune, pourtant enclavée, est un exemple devant faire des émules. De passage dans cette contrée afin de savoir ce qui en est de l'évolution de la situation dont nous avons été informés récemment, à propos d'une intoxication provenant de l'eau potable, nous avons eu à assister à une journée de volontariat pour, justement, donner de la valeur aux lieux, jadis de famille, transformés ces dernières années en poubelles à ciel ouvert. Accompagné du maire et des membres de l'association, nous avons pu constater une osmose à couper le souffle tant la conscience est de mise. Ici, à Tifra, l'autorité et les jeunes en particulier font un pour venir à bout de tous les fléaux sociaux qui menacent une jeunesse parfois facile en ces temps de disette. A Agouni Tazgui, village touché par l'intoxication, on nous confirme sans hésitation le souci du maire du mouvement associatif de faire face à toute situation. Sur place, nous avons vérifié la situation que tout confirme quant au rétablissement sans faire réellement de victime. On insistera sur le rôle du maire qui, à en croire les habitants, s'est déplacé sur les lieux pour s'enquérir de la situation avant de prendre les mesures nécessaires. De retour, nous avons rencontré des centaines de jeunes qui ramassaient les bouteilles vides sur le tronçon routier qui relie la commune à la ville de Sidi Aïch. Chaque passager s'arrêtait un instant pour féliciter les jeunes mais aussi pour proposer ses services. «On ne peut que soutenir ce genre d'initiatives» déclarait l'un d'entre-eux. Des avis comme ceux-là, on en a eu à satiété tant le geste de l'association cadrait bien avec les aspirations citoyennes. L'exemple de la commune de Tifra devrait faire tache d'huile en la matière, tant la situation partout dans la wilaya, n'est guère reluisante. On en est à se demander s'il y a dans la wilaya de Béjaïa, un souci pour la propreté, l'hygiène, l'environnement et l'écologie d'une manière générale. Nos routes et nos lieux de loisirs n'offrent que des images désolantes, tant ils sont couverts de débris de verre. Au-delà du fait qu'elles représentent un danger certain pour les piétons, ces bouteilles sont capables par l'action ou la concertation des rayons du soleil d'être à l'origine de départs d'incendies de forêts. Pour redonner un visage un tant soit peu agréable à l'arrière-pays, le plus simple serait de consigner les bouteilles de bière ou de lancer une opération rémunérée de ramassage qui constituera pour les jeunes une opportunité pour se faire un peu d'argent. Mais là encore, il semble que cela ne soit pas le souci des fabricants encore moins des pouvoirs publics. C'est pourquoi les associations, à l'image de celle du village Aït Mahiou, doivent entreprendre des initiatives qui ne peuvent qu'être saluées fortement par les riverains et les automobilistes. Lors du premier jour de volontariat à Tifra, des tonnes voire des milliers de bouteilles de bière ont été ramassées pour être acheminées vers les décharges publiques environnantes. «Nous essayons d'apporter ce que nous pouvons pour améliorer la situation», déclarait un volontaire qui cache mal l'ampleur des dégâts. Mais il est temps que ces entreprises de récupération se donnent la peine de ramasser les bouteilles. Ce serait des tonnes et des tonnes qu'elles récolteraient pour les revendre aux brasseurs. Mais il n'est pas dit que le brasseur gagne plus avec la bière qu'avec la bouteille. Peut-être que la marge bénéficiaire sur le contenant est plus importante que celle empochée sur le contenu. Mais enfin, le geste des associations de Tifra qui trouve appui près du maire de la localité, a le mérite d'alerter mais aussi de faire le premier pas qui, nous l'espérons, sera suivi par d'autres associations de la wilaya de Béjaïa, qui se comptent par milliers mais uniquement sur le papier, devons-nous conclure. Après tout, l'environnement ne mérite-t-il pas ce genre de geste? Il ne suffit plus de parler, il faut passer à l'action. L'exemple vient d'être donné. Bravo à tous ces jeunes qui se mobilisent pour le bien de tous mais qui donnent aussi des exemples à suivre!