La 12e phase de négociations entre le Maroc et le Front Polisario s'est achevée hier à New York en queue de poisson. Aucun résultat probant n'a été conclu entre les deux parties qui se sont donné — à la demande de l'ONU — un autre rendez-vous pour début d'octobre ou au plus tard au mois de décembre en Europe. Le Maroc est resté, une nouvelle fois, figé sur sa proposition d'« autonomie dans le cadre de la souveraineté du royaume ». Ce que nous a confirmé hier, à partir de New York où il se trouvait, M'hamed Khedad, un des négociateurs sahraouis. M. Khedad a ainsi regretté le fait que lorsque a été abordée la question de la résolution 1754 des Nations unies et la manière de la faire appliquer, la délégation marocaine est « revenue à la charge pour réitérer son discours étriqué sur l'autonomie » lors de la présentation de sa proposition. Une proposition qui, souligne-t-on, anticipe sur le choix du peuple sahraoui. Celle-ci est d'ailleurs qualifiée par la partie sahraouie présente lors de ces négociations d'« inacceptable ». Pour M'hamed Khedad, « le peuple sahraoui, fort de son droit à l'autodétermination, qui reste un principe sacré et un fondement des Nations unies, ne saurait accepter un tel diktat (marocain), ni renoncer à son droit sacré à recouvrer son indépendance ». Mieux, la délégation marocaine a même refusé de souscrire à une proposition onusienne sur la gestion « des mesures de confiance » entre les deux parties pour avancer dans les négociations. « Les Nations unies ont proposé, à travers le médiateur et envoyé spécial du SG de l'ONU, Peter Van Walsum, certaines mesures de confiance, telles que le déminage du territoire, les patrouilles conjointes, les échanges de visites entre familles, les détenus d'opinion… mais la délégation marocaine a refusé de s'engager sur ce terrain », selon le même responsable du Front Polisario. Il précise toutefois que la partie sahraouie « s'est dit disposée à coopérer dans ce cadre ». Contacté le même jour à Bruxelles, le représentant du Front Polisario auprès de l'UE, Mohamed Sidati, a estimé que « cette attitude démontre la mauvaise foi du Maroc et rend compte d'une volonté manifeste du royaume marocain de pousser au pourrissement ». Il estime que « la proposition marocaine est non seulement non conforme à la légalité internationale mais qu'elle est aussi inacceptable ». Alors que, selon lui, la proposition sahraouie répond à deux préoccupations essentielles : « Elle est conforme à la légalité internationale et montre aussi ce que vont être les relations postautodétermination dans la région du Maghreb. » En attendant, M. Sidati redoute très fortement que la partie marocaine fasse tout pour « faire capoter durablement le processus de négociations ». Car le Maroc, à ses yeux, n'est pas venu pour négocier, mais pour imposer. Cela étant, deux ateliers, l'un sur les ressources naturelles et l'autre sur les collectivités locales, ont été également ouvert hier au cours de ce deuxième round de négociations. Un rendez-vous qui fait suite à un premier round de négociations entre les deux parties qui avait déjà eu lieu les 18 et 19 juin conformément à une résolution du Conseil de sécurité adoptée le 30 avril appelant le Maroc et le Polisario à engager des discussions sans conditions préalables en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental.