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Abdelkrim Bahloul. Réalisateur
« On devrait créer 500 salles de cinéma en Algérie »
Publié dans El Watan le 20 - 08 - 2007

Le réalisateur Abdelkrim Bahloul vient d'achever le tournage du film Le Voyage à Alger, produit par Bachir Derraïs. Entretien.
Vingt ans après votre premier long métrage Le thé à la menthe à Saïda, vous revenez dans votre ville natale pour entamer un autre film Le voyage à Alger. Qu'est-ce qui vous a motivé pour faire un film dans la ville des Eaux ?
C'est une opportunité qui nous a été offerte par la manifestation culturelle Alger, capitale de la culture arabe, avec le producteur Bachir Derraïs des productions des films de « La source » qui m'a dit que l'Algérie allait faire une dizaine ou une vingtaine de films sur des hommes célèbres qui ont participé à la vie de la nation algérienne et il m'a demandé si j'avais quelque chose à présenter. Je lui ai proposé un projet de film sur Frantz Fanon et là, Bachir m'a expliqué qu'un film de ce genre était délicat, difficile à faire, cher. Là, j'ai pensé à l'histoire qui m'est arrivée à l'âge de 12 ans quand j'avais accompagné ma mère à Alger qui voulait voir le président Benbella pour demander justice, parce que des gens mal intentionnés essayaient de la chasser de la maison qu'elle avait eue après le départ des Français en 1962. On n'a pas rencontré le président Benbella qui était absent et après une longue attente devant le Palais du peuple et grâce à l'énergie de ma mère, nous avons fini par être reçus par quelqu'un qui s'est avéré être le colonel Houari Boumediene. J'ai écrit le scénario qui a été accepté par la manifestation culturelle Alger, capitale de la culture arabe. Le film est devenu une réalité. Nous avons été aidés par l'Entv, le ministère de la Culture et la wilaya de Saïda.
En dehors du film Soleil assassiné sur Jean Senac, la plupart de vos films tournent autour de l'immigration. Cette fois, c'est un film sur la période post-indépendance. Pourquoi ce changement pour le moins inattendu ?
Quand on regarde la filmographie de quelqu'un, ce n'est pas forcément tout ce qu'il a voulu raconter, il se trouve qu'il y a des conjonctions entre le scénario d'un réalisateur et l'envie d'un producteur de faire un film ou une manifestation qui lui permet d'avoir de l'argent, donc le film devient réalité. Maintenant, moi, en tant qu'Algérien vivant en France, je suis un peu pris par l'urgence et j'essaye de donner des images en racontant des histoires sur des gens qui ne sont pas bien représentés par le cinéma ou la télévision en France. Ce sont des travailleurs immigrés, des Maghrébins parce qu'il y a un malentendu entretenu parfois par la presse et par les médias, l'on donne une mauvaise image ou une image un peu biaisée de ces personnes. Le rôle d'un artiste, d'un auteur ou d'un cinéaste, c'est d'essayer de ramener les choses à leur juste proportion. Les immigrés, les Magrébins, quand ils sont en Europe, ce ne sont finalement que des êtres humains comme les autres et le monde est quand même la patrie universelle. Que l'on vienne de quelque pays que ce soit, l'homme doit avoir le droit de vivre dans n'importe quel autre pays du moment qu'on l'y accepte et qu'il se plie aux règles générales du savoir-vivre du pays d'accueil.
Vous avez dès votre enfance souhaité devenir acteur et vous êtes réalisateur. Comment expliquez-vous cela ?
La vie n'est jamais finie tant qu'elle n'est pas finie. Il faut donner corps à ce désir à n'importe quel âge. Je me souviens d'une actrice américaine, dont je n'avais jamais entendu parler, qui a eu un Oscar à 73 ans. Cela ne veut pas dire qu'elle était inconnue ou mauvaise, cela veut dire que les médias ne se sont pas intéressés à elle. Il se trouve maintenant que je joue dans quelques films en France, parce que j'ai toujours voulu devenir acteur et je me suis dit, il n'est jamais trop tard même au-delà de 50 ans. J'ai fait le Conservatoire d'art dramatique d'Alger et le Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris, puis j'avais commencé à travailler à la télévision française et comme on travaillait 40 heures par semaine, je ne pouvais pas faire du théâtre parallèlement. J'ai donc suivi la branche de la prise de vue, de l'assistanat, puis de la réalisation, ensuite j'ai fait cinéaste. Maintenant que j'arrive à survivre de ce que j'écris et de ce que je suis, j'essaye en même temps de jouer dans des films. En 2007, j'ai joué le rôle principal dans le dernier film de Merzak Allouache Gé Gé qui va bientôt sortir à Paris.
Le cinéma pour vous est-ce une passion enracinée ou un simple métier comme tant d'autres ?
On ne gagne pas sa vie en faisant du cinéma, si on choisit de faire du cinéma ou n'importe quel art, c'est qu'ont est prêt à gâcher et à rater sa vie et à ne jamais gagner d'argent en essayant de faire ce qu'on a envie de faire. Je ne fais pas du cinéma pour m'enrichir et je ne fais pas du cinéma pour gagner ma vie. Je fais du cinéma parce que j'ai juste envie de m'exprimer et de parler de temps en temps en mon nom propre et au nom parfois de ceux qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer et des immigrés qui sont isolés loin de leurs racines et de leur contexte. Parfois, ils n'ont pas droit à la parole et à l'image. J'ai un sentiment d'urgence, j'ai envie de parler pour eux et avec eux et je fais partie de ces gens-là.
Vous êtes quelque part cinéaste engagé, altruiste...
Absolument pas ! Parce que quand je parle des immigrés et quand je parle des gens qui vont d'un pays à un autre, quand je parle de la communauté maghrébine et des gens qui ont été isolés comme Jean Senac, parce qu'il était Français catholique et homosexuel dans un pays arabo-musulman et je parle aussi de moi-même, parce que je n'ai pas envie qu'on m'exclue, j'ai envie de faire partie de l'universalité. Je déteste toutes les formes d'exclusion quelles qu'elles soient et quand je défends la liberté des gens dans des films, je défends ma liberté propre en même temps.
Que pensez-vous du cinéma algérien ?
Je pense que l'Algérie par une volonté politique devrait réhabiliter et créer 500 salles de cinéma à travers tout le pays, et c'est parce que nous aurons 500 salles de cinéma et je pense que c'est un objectif minimum à atteindre, qu'il y aura le renouveau du cinéma algérien et que des cinéastes algériens apparaîtront mais qu'il faut former les jeunes cinéastes de demain pour préparer l'avenir cinématographique et culturel de notre pays. Je pense que là on a quelques excuses, parce qu'on est passé par une révolution socialiste, style pays de l'Est, qui a lamentablement échoué, qui a été suivi par une période de capitalisme sauvage qui n'a pas porté ses fruits et qui a été au niveau culturel d'une tristesse épouvantable et d'une grande médiocrité. Par la suite, nous sommes rentrés dans les années noires où les Algériens s'entretuaient et qu'il n'était même pas question de penser à quoi que ce soit, parce qu'il fallait juste survivre et rester uni. Et maintenant, il faut rebâtir, chacun rebâtit de son côté, les maçons rebâtissent les maisons, les fellahs retravaillent la terre, les hommes politiques essayent de faire de bonnes choses quand ils aiment leur pays, et aussi les cinéastes et les gens qui aiment le cinéma, le ministère de la Culture et le gouvernement doivent prendre de l'argent sur le pétrole et construire des salles de cinéma, former de jeunes cinéastes et permettre qu'au moins chaque année il y ait une trentaine de films algériens qui soient produits pour être vus dans les salles algériennes et faire venir le public algérien dans les salles de cinéma.
Pourquoi avoir choisi ce titre Le voyage à Alger. Symbolise-t-il l'éloignement ?
Le voyage à Alger 1962-1963 c'était un long périple, ça n'allait pas aussi vite que maintenant par route, il fallait prendre le train, et c'était une espèce de tortillard qui mettait longtemps pour arriver à Alger. De toute façon, quand on ne connaît pas la capitale et quand on est de la province éloignée, la capitale paraît toujours lointaine et là en retournant à Saïda et en écoutant la chanson Saïda baïda il y a des gens qui m'ont proposé de nommer le film Saïda baïda. Effectivement, quand je vois ma ville natale, je constate qu'elle est un peu coupée du reste de l'Algérie et qu'il n'y a pas beaucoup d'investissements qui sont faits dans cette ville. Les habitants qui ont un niveau moyen essayent de la quitter pour aller habiter à Sidi Bel Abbès ou à Oran ou s'exiler dans d'autres villes. Saïda est devenue un gros faubourg, heureusement, cette année, le MC Saïda a accédé en nationale 1. Je sens que la ville des Eaux est une ville défavorisée, un peu déshéritée et fait un peu figure de mal aimée, la faute n'incombe pas uniquement aux gouvernements, à l'administration, la faute revient à cet amas de population qui ne s'est pas encore agrégé de manière uniforme, cela n'a pas encore pris forme, peut-être dans 20 ans. Je pense qu'il faut un effort financier de la part du gouvernement pour aider Saïda. Pendant que nous tournions, nous avons été protégés par la police qui a bloqué les rues et qui a essayé de nous aider du mieux qu'elle pouvait mais j'ai vu que l'effectif des policiers était vraiment infime. Ils font un travail colossal, c'est une ville immense par rapport aux possibilités qu'on donne à la police de veiller à la sécurité du citoyen.
Si on vous demande d'évaluer le travail des comédiens et les conditions de tournage, que direz-vous ?
Nous avons travaillé comme de véritables professionnels parce que nous avons prévu que le tournage commencerait le 31 juillet et finirait le 13 août et là le travail a commencé le 31 juillet et on terminera, inchallah, le 13 août. J'ai fait bosser mon équipe de 12 à 14 heures par jour, alors que la norme est de 8 à 9 heures. Avec la bonne volonté de personnes qui n'ont pas beaucoup l'habitude du tournage, parce que la plupart sont des stagiaires et font pour la première fois leur film ou bien certains techniciens n'ont pas tourné depuis 4 ou 5 ans, tout simplement parce qu'il n'y a plus de tournage de films en Algérie. Je trouve finalement que j'ai une équipe formidable ; je les ai un peu bousculés, houspillés, je les ai un peu criés, finalement, on arrive aux deux dernières semaines de tournage et l'esprit de corps a pris et on a une très bonne équipe de cinéma et le prochain film sera encore meilleur.
Pour ce qui est des comédiens, certains ont joué pour la première fois. Est-ce qu'ils ont donné satisfaction ?
Je crois que les Algériens ont une capacité de jouer tout à fait extraordinaire. Beaucoup sont des comédiens nés. Nous avons pris beaucoup d'acteurs parmi la population de Saïda et ils se sont avérés parfois supérieurs à des professionnels qui travaillent à Alger qu'on voit jouer un peu de la même façon, que l'on voit dans les téléfilms égyptiens ou sur les tréteaux du Théâtre national algérien, on a des comédiens d'un naturel époustouflant et je suis sûr que beaucoup de comédiens qu'on a pris à Saïda vont faire une carrière à Alger ou à Oran dans les productions nationales.
Vous avez essayé de faire un film sur Nedjma, le célèbre roman de Kateb Yacine, qu'en est-il de ce projet ?
Le film sur Nedjma, en fait, je voulais montrer mon amour pour Kateb Yacine et pour son œuvre poétique et romanesque, donc je voulais adapter le roman. A l'époque, il y avait Isabelle Adjani qui pouvait jouer le rôle et donc cela me paraissait un projet extraordinaire. Je crois que Nedjma ne peut pas être produit s'il n'y a pas une volonté politique nationale pour le faire. C'est la plus grande œuvre du patrimoine culturel littéraire algérien, je crois que ce film doit être fait avec l'aide du gouvernement. Vu d'Europe, il est difficile de réunir de l'argent pour faire une histoire qui concerne l'Algérie en particulier, je m'étais heurté à cette difficulté pour trouver le financement..
Pour conclure cet entretien, le mot de la fin...
Ce film coûte cher, malgré tout l'argent que nous avons reçu de Alger, capitale de la culture arabe, de l'Entv, des ministères de la Culture, de la Défense, des Transports, de l'aide de la wilaya et autres amis de la population saïdie, il va nous falloir encore un peu d'argent pour faire un bon montage, une belle musique de film, un bon mixage et j'espère que les gens qui ont aidé ce projet vont continuer à le faire et qu'on aura une rallonge financière pour faire un très beau film, digne d'Alger, capitale de la culture arabe et j'espère que dès décembre prochain, on pourra venir à Alger et Saïda présenter ce film. Je vais essayer de faire un beau film, les gens qui m'ont fait confiance et m'ont donné de l'argent, notamment mon ami Bachir Derraïs, que tous ces gens soient satisfaits, qu'ils soient fiers d'avoir participé à ce film.


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