A constater l'absence évidente d'une activité touristique organisée dans la wilaya de Djelfa, la question lancinante qui revient est de savoir s'il existe vraiment des potentialités naturelles et artisanales Eh bien, on serait tenté de répondre par : il n'y a que ça — et, depuis des temps immémoriaux — ! Simplement, celles-ci souffrent d'une politique criante de valorisation et d'innovation pour être hissées au rang de créneau touristique régional d'avant-garde et supplanter même l'activité de base qu'est le pastoralisme. Car, cette région bénéficie par des legs du passé, de fabuleux vestiges émaillés d'écritures lybico-berbères où cohabitent des dolmens sur tumulus, des monuments funéraires et des stations de gravures rupestres aux éléments et à des époques variés, en abondance. On a répertorié quelque 360 sites historiques datant de la protohistoire et 208 stations pour plus de 1160 gravures rupestres, ainsi que 80 peintures à Messaâd, Feïdh el Botma et Aïn el Bel notamment. Y sont gravés outre des animaux tels l'éléphant, le buffle antique en association avec le rhinocéros et, le bélier ; on y trouve également des silhouettes ressemblant à des humains comme le dessin dit « le couple des amoureux timides ». A côté, on dénombre de magnifiques ruines de villages berbères et autres romains, visibles à Zaccar et Ammoura, Zénina et Aïn Naga. Seul le Fort érigé à Messaâd par un général romain éponyme, le Castellium Demmedi, a complètement disparu, n'ayant pas pu braver le temps dû au manque d'intérêt scientifique et touristique. Sur le plan du relief, cette région en est nantie, jouissant des faveurs de la nature, on y aperçois des dépressions endoréiques s'échelonnant irrégulièrement des basses plaines de Aïn Ouessara à 650m d'altitude, jusqu'au sommet du col des caravanes situé à 1272m sur la route de Laghouat. Le paysage impressionnant qu'elles offrent, subjugue, au point de participer de fort belle manière au plaisir de la vue, un vrai délice au printemps. Atout thermal Côté thermalisme, il existe trois sources thermales principales : la source de Mesrane est à recommander aux personnes atteintes de maladies de la peau, surtout l'eczéma. Celle de Guettara, qui attend toujours, son dimensionnement à la hauteur de son eau aux propriétés nombreuses et curatives de beaucoup de maladies, n'a rien, non plus, à envier à Hamam Charef dont on loue les vertus de son eau, pour ses propriétés antirhumatismales. Cette dernière localité recèle aussi des coins absolument féeriques, comme des chutes naines à Kalane, un fantastique barrage foisonnant de gros poissons, une vaste plaine à Touazi et une forêt splendidement clairsemée à G'taya, qui regorge de phacochères et de canidés. Le cordon dunaire fait aussi sensation au nord de ce pays et, rien qu'à le contempler de loin, il force instinctivement une première impression, qui rappelle une étendue de dunes organisées. En fait, s'il correspond au même paysage que l'on rencontre sur le littoral en forme de dunes transversales, il dégage un contraste d'exceptionnel panorama entre un naturel vert et le sable pur, notamment, au coucher du soleil. L'autre et néanmoins rareté naturelle et insolite, demeure, certainement, le rocher de sel qui représente un relief en diapir de sel gemme aux formes et couleurs multiples obtenues par le truchement de la circonvolution des rayons du soleil. C'est sans doute l'attraction géologique la plus féérique de la région. Preuve en est qu'Eugène Fromentin, peintre et écrivain hors pair, disait en 1857 de cette merveille dans son livre Un été dans le Sahara : « C'est un amas de roches étranges…, ce n'est pas beau, c'est formidable » Cette région, réputée également pour ses zones boisées, jouit d'un patrimoine forestier incomparable dans les Hauts- Plateaux. Par exemple, le massif du Sénalba, principal chaînon des monts des Ouled Naïls, a une altitude et une dénivellation maximales qui oscillent merveilleusement entre 1500m et 300m. Grâce à son microclimat et son ombrage d'une forêt touffue de pins d'Alep, ce mont peut faire aussi office de lieu de détente, de loisirs et de pratique de sport. Sa flore se distingue surtout par une végétation envahissante où d'innombrables essences odorantes se dégagent des chênes verts et des genévriers ainsi que des chèvrefeuilles et autres jasmins et genêts. Bestiaire ludique Le parc animalier situé sur la route d'Alger à 17 km, est un bestiaire ludiquement estival, renfermant de mirifiques espèces sauvages à poils et à plumes en captivité, tels le faon bleu, le pigeon ramier, la caille des blés et le mouflon à manchettes, la gazelle dorcas, le cerf daim, la chèvre naine etc. Quant à l'artisanat, il est réduit à sa plus simple expression à savoir qu'il constitue une microactivité relativement confinée dans la structure familiale. Le tissage du burnous à poils de chameau, du haïk, du djerbi, de la djellaba et, bien sûr, l'incontournable tente rouge et noire nailie, reste une activité essentiellement féminine. Ce qui permet aisément d'initier un écotourisme par le drainage d'investissements, quand on connaît le grand nombre de jeunes femmes en quête d'emploi ! La bijouterie traditionnelle et la dinanderie ayant carrément disparu de la nomenclature de l'activité artisanale, la vannerie et la poterie qui restent destinées pour les besoins des ménages, il ne reste donc, dans ce créneau, que la broderie qui tend à prendre timidement de l'ampleur.