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Daniel timsit
« Mon pays, c'était la place de la Lyre »
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2004

Dans les prémices du mouvement national, dans le déroulement de la guerre de Libération nationale, il y avait l'approche de cette Algérie riche, complexe, moderne et plurielle. Ensuite, on a voulu faire cadrer l'Algérie soit à des slogans, soit en instrumentalisant l'histoire.
Aujourd'hui, on voit apparaître cette réalité. Pour moi, c'est le signe patent d'un nouveau départ. Celui de nous accepter enfin tels que nous sommes, dans notre diversité, dans nos différences qui ne sont pas contradictoires, au contraire, mais plutôt riches d'ouverture, d'invention et de source d'énergie... Cette énergie va pouvoir s'exprimer, non pas dans l'agressivité des uns contre les autres, mais dans l'édification d'un projet commun », nous disait Daniel Timsit dans un entretien qu'il nous avait accordé en octobre 1999 (El Watan n°2697) trois ans avant sa mort. Daniel Timsit est né à Alger en 1928 dans une modeste famille de commerçants juifs. Son grand-père maternel était grand rabbin. Responsable des étudiants communistes - il était alors étudiant en médecine -, il s'engage dans la guerre de Libération nationale dès 1955. Il crée, en 1954, un laboratoire d'explosifs et il est ensuite l'un des membres actifs d'un réseau de fabrication d'explosifs pour la « Zone autonome d'Alger ». En 1956, il rompt avec le Parti communiste, rejoint le maquis et est arrêté en octobre de la même année. Daniel Timsit est jugé pour « activité séditieuse ». Il échappe à la condamnation à mort, mais il passe six ans en prison. Fin 1957, une commission d'enquête dirigée par Simone Veil le fait transférer en France. Il ne sera libéré qu'en 1962. Arrêté en octobre 1956, il est battu mais non torturé. Quand il est emprisonné à Barberousse, un gardien lui dit : « Tu es grand, on va te raccourcir. » Il échappe pourtant à la condamnation à mort grâce au témoignage en sa faveur de son patron à l'hôpital, le professeur Lévy-Valensi. En prison, à El Harrach, à Lambèze, à Marseille, à Angers, il rédige son extraordinaire journal où il note toutes ses lectures, de la Bible à Shakespeare, les mots de ses gardiens, humains ou brutaux, ses amours, ses liens avec sa famille qui ne le renia pas, son apprentissage de l'arabe, ses espérances et ses illusions », témoigne l'historien Pierre Vidal-Naquet dans Le Monde, le 9 août 2002, soit une semaine après la mort de Daniel Timsit.
La prison, un creuset important
Ce journal de prison a été publié en 2002 aux éditions Bouchène-Flammarion sous le titre Récits de la longue patience, après deux autres ouvrages, Algérie, récit anachronique et Suite baroque, histoire de Joseph, Slimane et de nuages, Bouchène, 1998 et 1999. C'est en prison que Daniel Timsit prend conscience pleinement de son identité algérienne. « C'est en prison que j'ai découvert mon identité algérienne. Identité complexe, mais identité algérienne quand même et complète... La prison était un creuset important ; on a découvert nos différences et, en même temps, notre unité profonde », écrit Daniel Timsit dans Algérie, récit anachronique... En prison, il fait la connaissance de celui qu'il appellera « mon frère », Ali Zaâmoum. Une profonde amitié a lié les deux hommes jusqu'à leur disparition respective. Dans le même ouvrage, il ajoute : « Ce pays est tellement mien que je ne pouvais même pas m'imaginer dire que c'était le mien. Je n'en n'avais pas d'autre. Mon pays, c'était la place de la Lyre, c'était Alger. Mes parents non plus ne s'imaginaient pas vivre ailleurs ni avoir un autre pays que celui-là. » La mère de Daniel Timsit, morte en 1967, est enterrée au cimetière de Bologhine. Son père, à l'indépendance, était président de la communauté juive restée en Algérie. Il rejoint son fils à Paris en 1970, quasiment à la fin de sa vie, chez qui il s'éteint en 1971. A la fin de 1960, Daniel Timsit épouse Monique Antoine, avocate, elle aussi, en phase avec la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. A l'indépendance, il est nommé au cabinet de Ammar Ouzzegane, alors ministre de l'Agriculture, puis à celui de Bachir Boumaza. Daniel Timsit est l'un des inspirateurs de l'autogestion agricole. Comme beaucoup d'Algériens non musulmans, il est choqué par la loi sur la nationalité algérienne votée par l'Assemblée nationale en 1963. Cette loi fait de lui un étranger. La citoyenneté algérienne lui est accordée par décret, grâce à l'intervention de ses proches amis, lui qui, comme il aime à le dire, est algérien depuis des millénaires. Il exerce quelques mois comme médecin à Alger, puis quitte l'Algérie et devient, à Paris, à la fois un spécialiste d'endocrinologie et un généraliste. La dernière fois que Daniel foule le sol algérien, c'était pour assister aux funérailles de son ami et beau-frère Kateb Yacine. Daniel Timsit, mort d'un arrêt cardiaque, à 75 ans, a été enterré le 2 août 1999 à Montbel, dans le Midi, lieu natal de sa femme Monique, enveloppé de son burnous, celui qu'il portait pendant les soirées hivernales parisiennes, loin de sa terre ancestrale, l'Algérie.


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