Alors que l'île sicilienne de Lampedusa voit, chaque jour qui passe, arriver des centaines de rescapés africains et asiatiques, qui, entassés dans des embarcations de fortune, débarquent sur les côtes italiennes, dans des conditions physiques extrêmes, une autre île, la Sardaigne, est devenue, depuis deux ans, la destination des harraga provenant de l'Est du pays. Uniquement dans la nuit de lundi, plus de 100 jeunes Algériens, qui ont affirmé aux officiers de la marine italienne, qui les ont secourus, être partis du port de Annaba, sont parvenus dans huit barques, sur les côtes méridionales de la Sardaigne. Et si 74 d'entre eux, qui voyageaient dans 5 barques ont été interceptés, lundi soir, dans les eaux italiennes, par les garde-côtes et conduits au commissariat de Cagliari pour leur identification, un autre groupe composé de 19 harraga, qui se trouvaient à bord de 2 embarcations, a été repéré par la police locale dès son arrivée sur les plages de Porto Pino et de Porto Tramezzu. Mais les policiers sardes n'étaient pas encore au bout de leurs peines, puisque 21 autres immigrés ont touché terre, toujours dans la nuit de lundi, à proximité des plages de Sant'Antioco. Tous ont dû subir les procédures d'identification avant d'être conduits vers un centre de premier accueil du sud de la péninsule car l'île en est dépourvue. Le 14 août, plus de 170 immigrés de nationalité algérienne étaient arrivés en une nuit, sur les côtes sardes, à bord de 12 embarcations, dont dix à bord d'une barque sans moteur. Le 16 août, 23 d'entre eux ont été sauvés in extremis par un navire de la marine italienne. Cette litanie des arrivées incessantes de jeunes désemparés, qui croient trouver la solution à leurs problèmes socioéconomiques en prenant place dans des embarcations qui, souvent, finissent avec leur charge au fond de la Méditerranée, préoccupe fortement les autorités italiennes. Le ministre de l'Intérieur, Giuliano Amato, prévoit même, selon ses collaborateurs, d'accomplir une visite de travail à Alger, dans les prochaines semaines, pour trouver un accord avec le gouvernement algérien. L'Algérie, contrairement à d'autres pays voisins, n'a pas encore signé avec l'Italie de convention de réadmission volontaire de ses citoyens refoulés de ce pays européen, car, jusqu'il y a deux ans, il était rare de voir des Algériens parmi les milliers de Nord-Africains (Marocains, Egyptiens…) qui tentent la traversée illégale de la Méditerranée. Le phénomène des jeunes Annabis et ceux provenant des villes voisines, qui décident de risquer leur vie dans un voyage au bout duquel les attend le calvaire de l'enfermement dans un centre de premier accueil avant d'être expulsés, ou alors l'emprisonnement lorsqu'ils sont suspectés d'être le passeur de l'expédition, surtout s'ils portent un GPS sur eux, est en constante augmentation. Sans parler des dizaines de leurs compagnons d'infortune, qui ont connu une mort atroce, par noyade ou épuisement. Ceux, très rares, qui réussissent à échapper aux mailles du filet de la marine italienne, doivent mener une vie de galère, sans papiers et traqués par la police. Vite identifiés par les habitants de l'île, ils sont dénoncés et reconduits aux centres d'accueil, structures décriées et dont les conditions d'hébergement et d'hygiène ont été maintes fois dénoncées par les organisations non gouvernementales pour les droits de l'homme, comme Médecins sans frontières.