Le lieu-dit Zerga, situé à mi-chemin entre les communes de Lioua et de Bordj Ben Azzouz, à une cinquantaine de kilomètres au sud- ouest de Biskra, était naguère un marais roselier hanté par une impressionnante faune, d'une diversité à faire pâlir d'autres zones humides du pays, et où venaient s'abreuver, entre autres, des troupes de sangliers. Avec le prodigieux essor de l'agriculture qu'a connu la région, tout a été défriché, jusqu'aux rives du Bouhaïr, qui s'est retrouvé ainsi enclavé au milieu des champs, des jeunes palmeraies et des cultures sous serre. Comme la chasse et les battues sont toujours interdites, les hordes de sangliers se sont multipliées au point d'élire domicile dans les parages de Zarga, au grand dam des agriculteurs qui, malgré les épouvantails, gros pièges, mort-aux-rats et autres stratagèmes, n'arrivent pas à interdire à ces animaux dévastateurs l'accès à leurs exploitations. « Non seulement ces sangliers détruisent nos récoltes, mais aussi les dattes de djebbars, jeunes palmiers dont les régimes ne sont pas très éloignés du sol, et qu'il est pratiquement impossible de protége », nous précisent les fellahs. De peur de se faire attaquer par les sangliers, laies et autres marcassins, aucun fellah n'ose s'aventurer, dès la nuit tombée, dans les champs, livrés ainsi à ces prédateurs qui, « non seulement dévorent, mais détruisent tout, en se roulant et en labourant en quelque sorte les cultures en plein champ », ajoutent les jeunes exploitants découragés par les pertes et le manque à gagner dus à l'étendue des ravages. « Nous estimons qu'il est du devoir des pouvoirs publics d'intervenir en organisant, par exemple, de grandes battues, seule méthode pour venir à bout, ou ne serait-ce qu'éloigner ces animaux nuisibles de la région », concluent les paysans de Zarga.