L'approbation hier par les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) des deux ordonnances relatives à la loi de finances complémentaire 2007 et à l'exemption temporaire des droits douaniers et de la TVA à l'importation de la pomme de terre a suscité une vive réaction du groupe parlementaire du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui tout en votant contre les deux textes demande en des termes à peine voilés la démission du gouvernement Belkhadem. D'emblée, les députés RCD soulignent que « l'usage abusif de l'ordonnance illustre le peu de considération accordé à l'APN et au Conseil de la nation », en ajoutant que cette procédure « cache mal la volonté de l'Exécutif d'évacuer du débat public des questions d'intérêt national ». Pour ce qui est de l'exonération des droits de douane et de la TVA sur l'importation de la pomme de terre, la formation de Saïd Sadi relève que cette méthode « nous fait douter quant à son efficacité ». « Le prix prohibitif de ce produit, qui frappe de plein fouet l'ensemble de la population, appelle des solutions non pas provisoires mais justes et durables », est-il indiqué dans le communiqué signé par le président du groupe parlementaire, Djamel Ferdjellah, en ajoutant que « le recours à cet artifice, strictement conjoncturel, est un aveu d'échec de la politique agricole de ce gouvernement ». Dans ce sillage, les parlementaires du RCD indiquent que « l'échec du gouvernement dans cette situation est d'autant plus patent que, depuis sept ans, 11 fonds de soutien dont 9 du seul ministère de l'Agriculture, destinés au développement agricole, soit 300 milliards de dinars, n'ont pu donner les résultats souhaités », avant de se demander : « Où est passé cet argent ? » Selon les députés du RCD, « pour moins que ça, un gouvernement qui se respecte doit avoir la décence de présenter sa démission ». S'agissant de la deuxième ordonnance, le RCD relève que « le recours récurrent à la loi de finances complémentaire des années durant est devenu structurel, indiquant par là la non-maîtrise par nos gouvernants des contraintes économiques et des lois budgétaires », ajoutant que « visiblement, nos décideurs naviguent à vue ». Selon eux, en plus de sa systématisation, l'on constate des réaménagements opérés dans les budgets de fonctionnement qui n'obéissent pas, dans l'ensemble, à des règles claires et transparentes. « Le non-arbitrage du pouvoir législatif en la matière favorise l'opacité et la confusion », affirment les députés RCD qui considèrent les correctifs apportés comme des « tentatives de colmatage qui sont sans effet sur l'érosion du pouvoir d'achat, la flambée des prix, la permanence d'un seuil élevé du chômage, la non-croissance en dehors du secteur énergétique et la paupérisation grandissante et inquiétante de larges couches de la population, malgré l'embellie financière ». Face à ces questions cruciales, le groupe parlementaire du RCD souhaite un débat sérieux et approfondi au lieu et place d'ordonnances et d'artifices techniques.