La 64e Mostra découvrait lundi The Darjeeling limited, avec Adrien Brody et Owen Wilson, nouvelle comédie, loufoque et kitsch, née de l'imagination de l'Américain Wes Anderson, et The Sun also rises du Chinois Jiang Wen. Le film choc de l'Américain Brian de Palma sur la guerre en Irak Redacted était lundi, le favori des critiques compilées par Ciak, le magazine du Festival, ex-aequo avec le délicat Les Amours d'Astrée et de Céladon, signé par le vétéran des cinéastes en compétition, le Français Eric Rohmer, 87 ans. De son côté Sleuth, le sardonique duel Michael Caine/Jude Law filmé par le Britannique Kenneth Branagh, avait les faveurs du public. Au sixième jour du festival sont arrivés les acteurs Richard Gere et Diane Kruger, qui jouent dans The Hunting party montré hors compétition, ou encore le cinéaste Jia Zhangke, lauréat du Lion d'or l'an dernier pour Still life, venu dévoiler son documentaire Wuyong. Côté compétition, le cinéaste américain Wes Anderson, qui en quelques films — La famille Tenenbaum, La vie aquatique — s'est taillé une réputation d'auteur original, aux films désopilants bourrés de gags grinçants et de personnages saugrenus, présente The Darjeeling limited. Tourné avec une pléiade de stars, le film raconte la virée en Inde des trois frères Whitman, Adrien Brody, Jason Schwartzman, Owen Wilson, dont le seul point commun est d'être légèrement timbrés, paranoïaques et peu doués pour la vie sociale. Ils entament la traversée du Rajasthan à bord du Darjeeling limited, un vieux train turquoise, et ce, qui devait être un « voyage spirituel » tourne rapidement à la pochade tragi-comique. Un frère achète un serpent venimeux, l'autre entame une turbulente liaison avec une serveuse, tandis que le dernier, la tête couverte de bandages après un accident de voiture, sème la zizanie en devenant autoritaire... Toutefois, très vite, la faiblesse du scénario et des dialogues se fait sentir, et l'Inde de pacotille (pas un turban, une chemise ou un mur qui ne soit jaune, turquoise ou rouge..) qui sert de toile de fond lasse elle aussi. L'autre film en compétition dévoilé lundi était The Sun also rises du Chinois Jiang Wen, 44 ans cette année et qui a débuté dans le cinéma comme acteur, notamment dans les films de Zhang Yimou et Lu Chuan. The sun also rises raconte sur un mode tantôt réaliste tantôt onirique et dans une magnifique nature chinoise, sublimée par la photographie du film, très colorée, l'histoire de plusieurs personnages. Une villageoise, qui a élevé seule son fils, se met à perdre la tête, déclame de la poésie sur les toits et grimpe aux arbres, une doctoresse s'énamoure du frère de son mari, un boulanger est arrêté pour « perversion sexuelle »... La clé de ces événements n'est donnée qu'à la fin ; ce film a charmé une partie du public lors de la projection de presse et irrité l'autre, désarçonnée par la complexité du scénario. Hier, la Mostra a dévoilé un film très attendu, I'm not there de Todd Haynes, qui évoque pour la première fois au cinéma, la vie du populaire chanteur américain Bob Dylan avec un parti pris original : l'incarner en sept acteurs différents, hommes et femmes. Le Lion d'or sera remis à la clôture du Festival à un des 23 films en lice, pour la prestigieuse récompense. Vingt-deux sont connus et le dernier, un « film surprise » venu d'Asie, qui, selon les rumeurs, pourrait être signé par le Chinois de Hongkong Johnnie To, sera dévoilé aujourd'hui.