Chassez le naturel, il revient au galop », un dicton qui sied on ne peut mieux au négoce de la rue. Ainsi, dès que les pouvoirs publics libèrent les espaces des revendeurs, ces derniers reviennent les squatter. Que ce soit à l'allée de Zoudj Ayoun, à la rue Bouzrina, aux Trois Horloges, aux alentours des marchés Tnach, Ferhat Boussaâd ou celui de la cité du 5 Juillet à Bab Ezzouar, pour ne citer que ceux-là, les récalcitrants rappliquent sans bourse délier. Les riverains ont beau s'égosiller pour mettre fin à cette anarchie qui prend de l'ampleur dans les quartiers populeux. En vain. L'informel, ce mal invétéré, occupe, de plus en plus les lieux publics, non sans imposer son diktat. Les marchés aux « puces » qui défigurent le tissu urbain se multiplient. Cela devient un casse-tête pour les autorités qui font montre de leur impuissance. Elles ont de la peine à les éradiquer. Elles mènent de manière erratique des actions contre ce commerce qui prend des allures de fait accompli. Selon l'humeur du moment : un jour toléré, le lendemain réprimé. Que ce soit le long des arcades ou à l'entrée des immeubles, le même décor est affiché. Le hic est que certains marchés, réalisés à coup de milliards, sont inoccupés. Témoin : le marché Ali Amar qui demeure à moitié plein de vide : les commerçants préfèrent « paralyser » le long de la rue éponyme pour, dit-on, mieux « racoler » le chaland que d'occuper les carreaux qui leur sont affectés. N'est-ce pas que « tout usage finit par se changer en abus ? » pour reprendre Jean Dutourd. Plus, l'usage se mue en loi pour le revendeur qui s'enhardit. Car il est devenu pratiquement impossible de déloger les « petits » revendeurs attitrés qui obstruent la rue Abderrahmane Arbadji, transformée en voie piétonne. Ce réceptacle, intouchable de la cigarette et des produits pyrotechniques, continue à côtoyer allégrement le négoce de la fripe, du cellulaire et autre bric-à-brac.