La procréation médicalement assistée se porte bien en Algérie. » Ce sont là les propos rassurants du Dr Benbouhadja, spécialiste en gynécologie et médecin chef de la clinique de chirurgie et des sciences de la reproduction Ibn Rochd de la cité Boussouf à Constantine. Pour preuve, cette dernière, fonctionnelle depuis 2002, a déjà à son actif un bilan très encourageant depuis le lancement du procédé de la procréation médicalement assistée. La naissance, le 12 octobre 2003, de Mouaeid Rochdi a redonné, en effet, espoir aux nombreux couples souffrant de l'infertilité. En l'espace d'une année, la clinique Ibn Rochd a même réalisé des taux de réussite avoisinant de près les normes internationales affichées dans les pays développés. Chiffres à l'appui, le Dr Benbouhadja nous révélera qu'en 2003, en matière d'insémination artificielle, 26 grossesses ont été recensées parmi 271 couples, soit un taux de 11,65% alors que pour la fécondation in vitro ou intra cytoplasmique sperme injection (ICSI), 25 grossesses ont eu lieu soit 25,51%. L'année 2004 a été plus fructueuse puisque jusqu'au 6 octobre 2004, 16 grossesses par insémination artificielle ont été obtenues sur 246 couples soit un taux de 12,9%, alors que du côté de la fécondation in vitro, 30 grossesses ont abouti sur 114 interventions, soit un taux de 28%. Faut-il rappeler que les normes internationales se situent entre 13 et 15% pour l'insémination artificielle et varient entre 28 et 35% pour la FIV, et ce, dans les conditions idéales. Cela pour dire que le parcours déjà entamé en matière de procréation médicalement assistée est fort honorable et promet même des jours meilleurs si les conditions nécessaires sont bien réunies. « Nous utilisons les mêmes techniques modernes comme partout ailleurs et nous avons les moyens d'assurer les garanties nécessaires pour aboutir à des naissances normales grâce à un dépistage précoce des malformations », nous précisera le Dr Benbouhadja. Les méthodes sont choisies en fonction des cas et des degrés de stérilité, généralement masculine. Ces techniques, ayant pour but d'assurer la rencontre entre gamètes males et femelles, permettent d'assister médicalement le couple pour surmonter son incapacité de procréer. Les succès enregistrés jusque-là au niveau des cliniques d'Alger, de Annaba et de Constantine semblent encourager l'ouverture d'autres établissements spécialisés. Les services offerts permettent aux couples d'économiser du temps et de l'argent. On prévoit ainsi, que d'ici à la fin 2005, il y aura au moins 9 cliniques en Algérie dont 4 à Alger, 3 à Oran, 1 à Annaba et 1 à Constantine. Concernant les couples qui viennent consulter à la clinique Ibn Rochd de Constantine, ils sont principalement de la ville des Ponts et des wilayas limitrophes, mais ils viennent aussi d'Alger, de Béjaïa, de Biskra et même de M'sila. Le coût d'une intervention, estimé à la clinique Ibn Rochd à 100 000 DA, demeure abordable comparativement à celui proposé en Tunisie (l'équivalent de 180 000 dinars), en France (3000 euros, c'est-à-dire plus de 300 000 DA) ou encore en Belgique (4200 euros près de 500 000 DA). « En dépit de l'indisponibilité des médicaments et autres produits importés de l'étranger, nous avons maintenu les tarifs », nous dira le Dr Benbouhadja. La question lancinante qui taraude aussi bien l'esprit des spécialistes que celui des patients demeure la possibilité d'une prise en charge par les services de la sécurité sociale pour les couples assurés souffrant d'une infertilité au moins une fois dans leur vie. Cet avantage, qui demeure un droit garanti dans les pays développés pour plusieurs tentatives, nécessite d'engager une réflexion sérieuse au niveau du ministère du Travail et de la Protection sociale.