Plus de 60% des habitations de la commune d'El Madania se trouvent dans un état de dégradation avancée. Ce sont là les propos du vice-président chargé de l'urbanisme et du technique. M. Boughadou assure que les opérations pour y faire face font défaut. Plusieurs habitations ayant été touchées par le séisme du 21 mai 2003, n'ont pas été expertisées par les services du CTC soutient l'élu. « Le gros des habitations n'a pas reçu la visite des agents du CTC, Preuve en est le quartier Mustapha Sérir, complètement vétuste », affirme l'élu. Il reste sceptique : le CTC a été contacté par nos soins, mais nous avons reçu une réponse cinglante. Le CTC a informé qu'il ne peut être saisi que par les instances de la wilaya, cette dernière ne semble pas décidée à le faire dans l'immédiat. Seule, une dizaine de familles, victimes du séisme, a pu être relogée sur les 110 enregistrées dans cette commune. Habitant au 6 rue quatre du quartier Nador à El Madania, ces familles sont montées au créneau, « en exigeant leur relogement » Selon l'un des représentants, les autorités de wilaya et de la commune « ne sont pas décidées à leur venir en aide ». Les promesses, ces familles en ont eu « depuis des lustres ». La plupart des sinistrés ont été relogés durant le mois de mai dans des sites d'habitation dans la périphérie de la capitale. Deux mois plus tard, quelque 18 familles au lieu-dit les Jasmins ont pu être aussi relogées à Zéralda. Ce qu'appréhendent les familles de la rue Quatre, ce sont les risques d'affaissement de leurs habitations et surtout de l'immeuble 73 resté vacant depuis 2004. Les protestataires en appellent à l'indulgence des hautes autorités de l'Etat qui ne sont pas décidées à intervenir. L'ex-Salembier fut, rappelle le vice-président, l'un des endroits phares ciblé par le plan de Constantine lancé au plus fort de la guerre de libération. Les cités d'habitation destinées à la population indigène, à laquelle se sont joints quelques petits blancs ont été construites sur le modèle des grands ensembles métropolitains. Des bidonvilles ne tarderont pas à se greffer à ces huit grands ensembles tentaculaires aux noms évocateurs : Diar Echems, Essaâda, etc. A l'époque, le maire de la ville d'Alger, Chevalier, ne manquait pas, soutient-on, de « bonnes intentions ». Sauf que quelques années plus tard, des difficultés feront jour. Les matériaux avec lesquels furent construites ces cités ne résisteront pas à l'usure des années, malgré les efforts fournis par Ferdinand Pouillon, architecte de renom. D'aucuns assurent que les pierres de Diar Essaâda ont été dénommées « les pierres qui pleurent en raison des infiltrations ». Toute la wilaya déléguée de Sidi M'hamed est concernée par ce phénomène. El Mouradia n'en est pas exempte, puisque pas moins de 30% des habitations menacent ruine. Les instances de la commune de Belouizdad ont avancé le chiffre de 80%. La fragilité du tissu urbain à Sidi M'hamed est aussi évidente. Des opérations de relogement furent entamées, mais ne connaîtront pas leur épilogue. Initiées par les services de la wilaya déléguée de Sidi M'hamed, l'opération Tiroir, selon laquelle des logements de type F3 seront aménagés au moyen de la fusion entre trois studios formés initialement d'une seule pièce de 20 m2. Seule une partie de la population restera sur place, l'autre sera logée ailleurs. Les querelles de leadership ont mis un terme à cette opération. Les travaux de rénovation initiés au début des années 1980 n'ont pas vu le jour pour les mêmes raisons.