Le Festival des films du monde de Montréal, (FFM) qui s'est achevé le 3 septembre, a montré qu'il était l'événement culturel majeur au Canada. Une des rares qualités du Festival de Montréal est de se dérouler en dehors de la sphère commerciale, mercantile des majors compagnies de Hollywood. C'est cela son identité, unique dans le continent nord-américain. C'est tout le contraire du festival de Toronto réduit à être sous la coupe des exploitants US, qui se servent de ce tremplin pour lancer leurs produits. A Montréal, on garde le libre choix d'un programme qui fut cette année de grande qualité. Dans le cadre très chic du Hyatt Régency, en plein cœur de Montréal, on rencontre des cinéphiles de type exigeants, des cinéastes et des producteurs affables qui ne sont pas des exploitants. Des rencontres de grande qualité se font chaque jour, autour des films programmés. On est séduit par le non-conformisme du Festival de Montréal. Le programme n'est pas pesant. Il y a beaucoup de rencontres et de partages comme le déclarent les amis de Montréal. Fait rarissime : le FFM possède un prix Glauber Rocha dans son palmarès. Le prix Glauber Rocha, du nom du génial cinéaste brésilien du cinéma Novo, récompense chaque année le meilleur film latino-américain, et c'est le Mexicain A. Fernandez qui l'a décroché cette année pour son beau travail dans Partes Usadas. Ce film serait surprenant dans un autre festival. On a le sentiment qu'il est fait pour le FFM. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le palmarès ne manque pas de justesse. Le Grand Prix des Amériques a été attribué conjointement à Claude Miller pour Un Secret (France) et N. Baltazar pour Ben X (Hollande). Bien loin des clichés touristiques sur le Maroc, le festival a salué le travail de Latif Lahlou dans Les Jardins de Samira, doublement primé meilleur scénario et prix de la critique internationale (Fipreci). D'autres œuvres font souffler un vent frais sur le cinéma contemporain visionnées à Montréal, elles viennent de Chine, d'Espagne, d'Israël, de Russie, du Canada et ont aussi reçu des prix. Au cinéma Impérial et au Quartier Latin se sont ainsi côtoyées des œuvres de plusieurs nationalités. Saluons la sélection hors compétition de Morituri, l'excellent film de Okacha Touita. A plusieurs reprises, devant une salle du Quartier Latin, on pouvait voir des groupes de résidants algériens venus se replonger dans l'atmosphère et les décors d'Alger la Blanche, dans le surprenant thriller de Touita.