Organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), le colloque international sur le soufisme « Culture, musique » dans sa quatrième édition a bouclé ses travaux hier à la salle de conférences du ministère de l'Energie et des Mines (Alger). Plusieurs chercheurs venus de Turquie, de France et du Liban, entre autres, son intervenus durant cette rencontre de trois jours sur l'esprit du soufisme dans ses dimensions historique, culturelle et spirituelle. En résumé, parmi les participants à ce colloque, le chercheur Jean-Jacques Thibon de l'université Blaise Pascal (France). Il relève dans sa conférence « Le bâton de Moïse : une métaphore de l'itinéraire initiatique » que « plusieurs versets du Coran renvoient au bâton de Moïse, utilisé en particulier dans l'épisode coranique relatant la confrontation de ce dernier avec les magiciens de Moïse ». Les soufis « se sont approprié » ces « divers fragments narratifs » comme « représentant les différentes phases de l'itinéraire mystique ». Ainsi, la « transmutation opérée par le bâton de Moïse, simple attribut du pâtre devenu capable de faire jaillir les sources, d'entre-ouvrir la mer, entre autres, n'est que le symbole visible de la transformation intérieure accomplie par son possesseur ». Les « prodiges réalisés par ce bâton préfigurent les charismes opérés par le Saint qui, arrivé au terme de la voie, devient un auxiliaire du Décret divin ». La confrontation de diverses exégèses soufies sur cette « parabole permettra d'appréhender la manière dont les soufis sont capables d'élargir le texte coranique et d'illustrer les ‘‘outils'' ou méthodes complémentaires du cheminement mystique, la spéculation, la mémoration (dikr), instruments du dévoilement afin d'atteindre à la réalité ultime des choses ». De son côté, le chercheur Masatoshi Kisaichi (Japon) est intervenu sur le thème « Qu'est-ce que la tariqa ? Réconciliation des groupes de saints soufis de type non-turuqi à travers des sources historiques du Maghreb médiéval ». Il indique que le terme arabe tariqa signifie dans le soufisme « la voie pour les itinéraires vers Dieu, la méthode spirituelle sur la voie et l'ordre soufi en tant que groupe organisé et institutionnalisé ». Quoique l'origine de la tariqa soit ignorée, la région de « l'Irak du sud était importante pour son développement ». Trois ordres mystiques y ont vu le jour, à savoir la Qadiriyya, la Rifaiyya et la Suhrardiyya, lesquelles « vont avoir une grande influence dans le monde musulman ». Dès le XIIIe siècles, les adeptes de la Rifaiyya « ont propagé leurs doctrines loin de l'Irak tel que la montagne du Rif au Maroc ». Cependant, « malgré la présence des soufis de la Rifaiyya dans le Rif, organisation appelée al tariqa Rifaiyya n'est apparue dans les sources historiques maghrébines de cette parcours ». Cela indique, selon le même intervenant, que l'ordre soufi de type tariqa du Machraq « ne s'est pas enraciné dans le Maroc ». Une telle situation est due « peut-être » au fait que « les groupes organisés en forme de taifa orientée vers le groupe ethnique se sont déjà enracinés dans la société marocaine ». Ainsi, « quand l'ordre soufi de type tariqa est apparu dans la société marocaine, c'était l'ordre soufi qui est né à l'intérieur du Maghreb : la Shadhiliyya ».