En l'an 3430 avant le dérèglement climatique, on raconte que dans les plaines oranges du Mobal, vaste contrée située derrière la grande montagne de fer du Djawane, vivait une petite communauté hétérosexuelle, les Batou Batat, peuple pacifique d'agriculteurs en short, spécialisés dans la culture de pomme de terre. Tout était organisé autour de ce produit miracle, qui leur était, selon les Anciens, un jour venu en tracteur cosmique d'un lointain continent où les hommes frappaient leurs enfants avec des flèches. Chez les paisibles Batou Batat, le rituel était le même chaque jour, depuis si longtemps que même les Anciens des Anciens n'en avaient souvenir ou avaient trop bu. Le matin, les Batou Batat fabriquaient leurs semences, les plantaient à 13h10 et en fin d'après-midi, épuisés mais ravis, récoltaient le fruit de leur travail. Le soir, toute la communauté mangeait des frites en chantant des hymnes païens à la gloire de leur révolution agraire, puis faisaient des enfants, selon les coutumes du village. Un jour, Barkati, un monstre agricole qui vivait dans les champs en se nourrissant de bébés mous et d'archives administratives, débarqua dans le village avec une tonne de papiers à faire signer. Les Batou Batat, n'ayant jamais appris à lire, refusèrent tout d'abord de signer, d'autant qu'ils n'avaient jamais appris à signer. Mais le monstre Barkati obligea les Batou Batat à planter des spaghettis. Ne connaissant pas l'usage de ce fruit, les Batou Batat décidèrent d'aller à la supérette du Tchobal, lointaine contrée à 10 ans de marche. Un tiers des Batou Batat ne revint pas et les autres moururent rapidement de faim. Le monstre Barkati accusa un autre monstre, le Djaboubz, de ne pas avoir mis à disposition des estomacs sur le marché. On n'entendit jamais plus parler des Batou Batat et cet étrange légume qui poussait dans leurs champs.