Les Sefianois paieraient-ils la rançon de l'indépendance ? Traversée par le chemin entre la RN vers Barika et le chef-lieu N'Gaous — nom du délicieux jus —, Sefiane est une commune où cohabitent en bon voisinage deux grandes tribus amazighs. En amont sur le flanc des montagnes, les Chaouias du moyen Aurès (Beni Fren, Ouled Soltane, Ouled Fatma) s'y trouvent depuis des lustres. Dans la plaine au sol argilo-sablonneux ocre verdâtre, se sont installés naguère les Arabes berbérisés (El Khoudrane, Aâmamra…), selon des versions concordantes des autochtones, sous un climat hostile de par son aridité, sa gelée et son froid glacial durant l'hiver suivi d'été infernaux avec des tempêtes de sable foudroyantes avec leur lot de scorpions et autres reptiles en mal de fraîcheur. A l'origine et de par les vestiges remontant à l'antiquité, Kef-Sefiane, du vrai nom du territoire, serait une colonie de l'Empire romain. Cette région serait confortée par les oliveraies sauvages de la contrée et qui lui ont donné le label des huiles d'olives tant appréciées pour leur qualité. Même le système d'irrigation des oliveraies peuplant la zone est de type ancestral. Une source principale, située en montagne, — Ras El Aïn Est — est jalousement entretenue par la communauté Sefianoise qui se partage le précieux liquide. Conformément aux techniques des aïeux équitables et sans appel. Sous ces climats, a toujours prospéré l'abricotier, dont le fruit est l'aliment préféré de la reine berbère de la région Fatma Tazoughert, selon les anthropologues. Ainsi, se dessine la vocation agricole de la région qui, dans un élan de survie, s'est essayée aux cultures maraîchères telles la pomme de terre et la salade dont la variété dite « abondance » transcende le territoire de la wilaya de Batna. Enfin, Sefiane s'enorgueillit de ses sept huileries traditionnelles où l'olive pressée à froid demeure toujours compétitive, malgré l'envahissement du marché national par les produits étrangers. Excepté ces atouts millénaires, Sefiane a été en marge du développement des programmes de l'Etat. La précarité dans l'emploi et les tourments de la vie quotidienne ont fait fuir les enfants de la région vers d'autres contrées moins hostiles et où la chance leur a souri dans le commerce de gros. « Les principaux fournisseurs des collectivités », répète-t-on, fièrement. Certains ont percé dans le fonctionnariat de par leur génie créateur. Ici, on les appelle les génies des cavernes allusion faite à leur origine montagnarde. La répartition de l'espace territorial s'est fondée depuis l'antiquité sur un partage où les Chaouias