En l'an 21 après la naissance du fer, on raconte que dans le pays du Zax, ensemble de vallées prises dans les contreforts de la chaîne Ming, vivait une communauté, les Rebbou, éleveurs de dindes et joueurs de marelle. De loin, ils ressemblaient à n'importe quelle communauté de l'époque, si ce n'est qu'ils passaient leur temps à s'entretuer. Tous les jours, ils posaient des bombes dans le seul marché du village, ce qui n'empêchait pas d'ailleurs les habitants d'y faire leurs courses. Chaque matin, une ou deux bombes explosaient, engendrant morts et blessés, cris et larmes. Il n'y avait pas besoin de revendication puisque tout le monde savait qu'un Rebbou était désigné à tour de rôle pour mettre des bombes. Cette vieille coutume consistait selon les textes à réguler le nombre de naissances, très élevé du fait de l'extraordinaire fécondité des femmes Rebbou qui, dit-on, se nourrissaient de poudre d'utérus de dinde pour doper leur fertilité. Ainsi, le soir venu, la communauté comptait ses morts et les enterrait dans les sous-sols des logements sociaux, enveloppés dans des linceuls de sachets noirs. Une prière au saxophone était rapidement jouée puis tout le monde allait dormir après avoir fait une grande partie de marelle. Un jour de printemps, une jeune vierge, fille du seul vulcanisateur de la région, contesta ces coutumes et demanda à en finir à la tradition. Elle alla au marché et demanda à ce que les bombes cessent, d'autant que depuis la crise du logement et la pénurie de poudre de dinde, les femmes n'étaient plus aussi fécondes. Il n'y eut pas de bombes ce jour-là et quelques marches furent organisées par le syndicat national de la dinde et dérivés. Mais le lendemain, tout reprit comme avant. La jeune vierge eut plus tard une cinquantaine d'enfants illégitimes et on ne sut jamais qui était leur père, les tests ADN étant trop chers à l'époque.