Monsieur le ministre, il y a urgence de sauver l'Algérie du chaos environnemental annoncé en lui confectionnant un visage de propreté et de santé. Il y a véritablement péril en la demeure tant l'hygiène publique fait défaut. Il n'est nul besoin de décrire la situation tant elle est criarde : le choléra, la diphtérie et la peste, fléaux du Moyen-âge, que l'on croyait, un temps, disparus, refont surface, se greffant à diverses maladies « mystérieuses », en réalité des fléaux du sous-développement. De l'ouest à l'est du pays, ce sont les mêmes scènes de désolation. Aucune ville ou village n'est épargné par la prolifération des ordures et des gravats jetés n'importe où, sur les trottoirs et les terrains vagues. A ses visiteurs étrangers, l'Algérie offre une image désolante alors que le pays est doté de grandes ressources. Si le citoyen s'est aussi mis de la partie en contribuant à la dégradation, ce n'est nullement par volonté de nuire ou par un quelconque « attrait » de la saleté. C'est simplement que là où il habite, commerce, travaille et évolue, les poubelles sont rares ou inexistantes et celles qui existent sont rebutantes tant elles débordent de partout. Dans les nouvelles cités ou lotissements, ce sont les terrains vagues qui font office de décharges et donc échappent à tout contrôle. Hormis quelques quartiers du centre des grandes villes, le ramassage des ordures est inexistant ou aléatoire. Les citoyens sont amenés à jeter clandestinement leurs sachets-poubelles. L'irréparable risque donc de se produire à tout moment dans le pays, c'est-à-dire la prolifération d'épidémies d'extrême gravité susceptibles de créer de sérieux problèmes de santé publique. Jusque-là les pouvoirs publics s'étaient déchargés de cette tâche au profit des collectivités locales et d'un quelconque EPIC pauvrement doté en moyens. Cette politique a fait faillite. Il s'agit aujourd'hui de passer à une vitesse supérieure en faisant de la question de l'hygiène publique une affaire d'Etat. Tout le gouvernement devrait être impliqué mais c'est à vous, Monsieur le ministre, d'occuper la première ligne du fait de votre fonction et de l'expertise disponible au ministère de l'Environnement. La préparation d'une loi sur l'hygiène publique s'avère impérative : elle conférera les instruments juridiques à la stratégie nouvelle de collecte des déchets lesquels ne se limitent pas à ceux générés par l'activité humaine. C'est en frappant un coup dur qu'on réglera définitivement cette question laquelle n'exige pas, au demeurant, de moyens exceptionnels. Les grandes villes du bassin méditerranéen que l'on jalouse pour leur propreté ont réussi à se rendre belles à voir et agréables à vivre, davantage par l'organisation et le civisme que par l'argent injecté. Il n'est pas honteux que nous tous, responsables et citoyens, nous nous armions d'un balai et d'une serpillière. Il y va de notre dignité.