Un nouveau député de la majorité antisyrienne du Liban a été assassiné hier dans un attentat à la voiture piégée, dans la banlieue chrétienne de Beyrouth, qui a coûté la vie à huit autres personnes, à moins d'une semaine de l'élection présidentielle. La majorité a imputé à Damas la responsabilité de l'assassinat d'Antoine Ghanem, alors que les Etats-Unis, l'ONU, la France et la Grande-Bretagne ont condamné l'attentat, le dernier d'une longue liste au Liban. La Syrie a également condamné « fermement » l'attentat, dénonçant un « acte criminel » visant ses efforts en faveur de « l'unité » au Liban et s'est déclarée « attachée à la sécurité, à la stabilité et à l'unité du Liban frère ». Cet attentat intervient en pleine crise politique, à six jours de la séance du Parlement où les députés doivent élire le successeur du président prosyrien Emile Lahoud. Ghanem, 64 ans, est la huitième personnalité antisyrienne assassinée depuis l'ex-Premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, qui a contraint la Syrie à se retirer du Liban, et le quatrième député antisyrien tué depuis les élections de juin 2005. L'attentat a fait au total neuf morts et une cinquantaine de blessés. L'explosion survenue dans le quartier résidentiel chrétien de Sin El Fil visait la voiture du député, reconnaissable à sa plaque minéralogique bleue. Le député et chef druze Walid Joumblatt a estimé que cet assassinat était un « message du régime syrien qui veut casser la majorité parlementaire à la veille de l'élection présidentielle ». Le député Boutros Harb, membre de la majorité et candidat à la présidence, a vu dans cet assassinat une tentative de « saboter tous les efforts qui sont déployés pour trouver une porte de sortie à la crise de l'élection présidentielle ». Selon Waël Abou Faour, un député proche de Walid Joumblatt, « la Syrie veut empêcher la majorité de rester majoritaire en assassinant ses membres, la Syrie veut empêcher la majorité de faire élire un président issu de ses rangs ». Le président Lahoud a vivement condamné ce « crime contre l'unité du Liban, sa stabilité, sa liberté et sa souveraineté ». Après cette disparition, le nombre des députés de la majorité tombe de 69 à 68 sur un total ramené à 127. Le scrutin présidentiel se déroule sur fond de crise politique entre la majorité, appuyée par les pays occidentaux, et l'opposition, soutenue par Damas et Téhéran.