Décidément, on en voit de toutes les couleurs sur nos routes. Après les lignes conventionnelles séparant les voies de circulation, à savoir le blanc et le jaune avant de décider de marquer un autre couloir à la couleur verte, et ce, à l'occasion du dernier sommet arabe qui s'est déroulé à Alger, voilà que nos bien-pensants jugent bon de border le long de la voie de gauche sur la voie express de nos autoroutes d'un tracé de couleur bleue. Des lignes polychromes qui finalement « accouchent » d'un arc-en-ciel, faisant sortir de ses gonds notre spécialiste de la sécurité routière, Mohamed Lazouni. Cela, il va sans dire, n'est pas sans donner matière à spéculation aux usagers qui ne comprennent pas à quelle finalité sert ce couloir qui, le moins que l'on puisse dire, reste bizarroïde, voire mystérieux. Aucune information de la tutelle ayant en charge ce secteur n'est venue éclairer notre lanterne sur l'utilité de cette énigmatique bande bleue. Serait-elle réservée aux secours ? Aux véhicules légers ? Aux automobilistes dépassant une certaine vitesse ? Aux délégations officielles ou tout simplement à une autre catégorie d'usagers ? On peut conjecturer à loisir, a fortiori lorsque le panneau bleu de signalisation planté à gauche sur le terre-plein — et non à droite, comme le veut le bon usage —, indique de manière absconse une signalétique spécifique qui n'existe pas encore dans le code de la route réglementaire, aussi bien national qu'international. N'est-ce pas que toute signalisation routière en dehors de celle définie par la législation de 1974 est interdite ? Aussi, il n'est pas superflu de rappeler que, selon les termes de la Convention internationale de Vienne de 1968 portant signalisation, le blanc reste la couleur officielle. Le jaune, c'est pour indiquer un chantier et le rouge-blanc est réservé pour le stationnement. A dire vrai, le comité technique de la commission permanente des équipements routiers, qui a eu l'ingénieuse idée de séparer une voie de couleur bleue, a du pain sur la planche, notamment concernant l'abus des ralentisseurs à l'approche des agglomérations sans marquage visible et autres dysfonctionnements des feux de signalisation tricolores dans nos carrefours.