Le Liban vit depuis hier à l'heure de l'élection présidentielle. Mais une heure peu ordinaire puisqu'elle dure soixante jours. Pas un de moins. C'est le délai dont disposent les députés pour élire un successeur au président Emile Lahoud dont le mandat a été prolongé de manière fortement contestée. Rendez-vous a donc été pris pour hier, mais il a dû être reporté au 23 octobre pour permettre à la majorité et l'opposition, en conflit ouvert, de s'entendre sur un nom. « La séance a été ajournée faute de quorum » des deux tiers des députés, nécessaire au premier tour du scrutin, selon une source parlementaire. « Nous sommes venus élire un président de la République (...) car nous voulons épargner au Liban et aux Libanais les dangers du vide » du pouvoir, a déclaré le vice-président du Parlement Farid Makari, membre de la majorité. Auparavant, un des rares députés de l'opposition présents au Parlement avait affirmé que le quorum ne serait pas atteint et que le président du Parlement Nabih Berri reporterait le vote. Les députés élisent le président à la majorité des deux tiers au premier tour, à la majorité simple ensuite. L'opposition, invoquant une tradition constante, interprète cette règle constitutionnelle comme un quorum qui lui permettrait d'empêcher l'élection d'un candidat, puisque la majorité parlementaire ne dispose que d'une majorité simple. Des députés de la majorité, venus en nombre, ont réaffirmé qu'ils considéraient cette séance comme le premier tour et que les tours ultérieurs se tiendraient donc à la majorité simple. C'est à partir de là que les sourires se crispent pour laisser place à des approches qui se distinguent par leur approche équivoque.