L'émissaire de l'ONU, Ibrahim Gambari, arrivé hier en Birmanie, espérait obtenir des « progrès », alors que la junte militaire continuait en même temps d'étouffer le mouvement de protestation populaire. Après trois jours d'interventions policières et militaires extrêmement musclées contre les manifestants, le bilan officiel demeurait à treize morts, dont un vidéo-journaliste japonais ; mais le Premier ministre britannique et des diplomates étrangers considéraient que le nombre de tués était nettement plus important. Rangoun, première ville de Birmanie, restait quadrillée par les forces de l'ordre et les habitants étaient visiblement effrayés à l'idée de sortir. Malgré l'interdiction de tout rassemblement, une centaine de protestataires se sont regroupés hier près d'un pont où ils se sont mis à applaudir. Les forces de sécurité birmanes les ont alors chargés à coup de matraque, ont indiqué des témoins. Une vingtaine de véhicules militaires étaient positionnés dans le quartier de la pagode Sule, théâtre de violences ces derniers jours. Les deux divisions de l'armée, basées à Rangoun, ont reçu le renfort de la Division 66, venue de Pago (nord-est de la ville). Par ailleurs, le Japon va demander à la Birmanie de punir les responsables de la mort du journaliste japonais tué jeudi à Rangoun. Un vice-ministre des Affaires étrangères, Mitoji Yabunaka, doit se rendre aujourd'hui en Birmanie pour transmettre la requête de Tokyo à la junte. De son côté, le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, a appelé la Chine à faire pression sur la junte militaire birmane.