Avec la troisième semaine de Ramadhan, l'inquiétude demeure chez la plupart des citoyens, préoccupés par la montée du phénomène des attentats suicide et l'inflation sur les prix des produits alimentaires de base. La baisse promise et attendue sur celui de la pomme de terre par exemple n'a pas eu l'effet attendu, elle ne s'est pas traduite de manière concrète pour le consommateur. A peine 10 DA sur le kilo, même cédée à 60 DA, elle reste encore hors de portée pour la majorité des petites bourses, alors que l'importation de ce tubercule a bénéficié de substantielles réductions de droits de douanes qui ont profité apparemment beaucoup plus aux importateurs et aux grossistes qu'aux consommateurs. A telle enseigne que le gouvernement n'a pour l'instant trouvé qu'une seule « parade » pour tenter de contrer la hausse sur le long terme, celle de créer un office de la pomme de terre. Cela soulève encore plus fortement la question du rôle de contrôle et de régulation de l'Etat. De contrôle beaucoup plus, puisque précisément le gouvernement a opté pour faire face à cette inflation conjoncturelle, liée au mois de Ramadhan, pour des mesures tout aussi limitées dans le temps. On saura à terme si de telles dispositions douanières dans les conditions d'un marché, aussi déstructuré en matière de distribution, ont eu des répercutions positives et ont réduit les effets haussiers des prix à l'international… Quant à la solution somme toute qui consiste à mettre des offices de « pomme de terre », n'aura qu'une portée limitée. Il existe des structures semblables pour les céréales ou encore le lait, ce qui n'a pourtant pas empêché l'apparition de tensions sur le marché national, comme ce fut le cas pour la poudre de lait par exemple. Le gouvernement de M. Belkhadem ne semble pas, pour l'instant, être préoccupé par une approche, à long terme, de la disponibilité des produits agricoles. Notamment ceux importés pour leur majeure partie comme les céréales, le lait et dans une moindre mesure la pomme de terre. Approche qui prendrait en compte non seulement la dépendance à l'égard des marchés extérieurs mais aussi de l'évolution de l'agriculture mondiale. Il ne s'agit pas seulement pour le pays d'être en en mesure d'absorber, de manière conjoncturelle, le « choc » du lait, des céréales sur le marché international, mais plutôt de mettre en chantier un véritable programme au profit de l'agriculture nationale, en vue de réduire progressivement sur le long terme le recours à l'importation pour des produits de large consommation. C'est peut-être là l'occasion de dresser le bilan du PNDA et d'apporter les correctifs qui s'imposent pour ce qui est du développement des cultures dites « stratégiques ». Les mesures d'urgence comme celles qui consistent à agir sur les droits et taxes pour des importations en provenance d'Europe, risquent dans l'immédiat de ne pas servir à grand-chose. Ces derniers jours l'euro a atteint son cours le plus élevé depuis son entrée sur les marchés financiers en 1999, par rapport au dollar. Rien n'indique pour l'instant que cette hausse qui arrange l'économie américaine ne se poursuivra pas pour les prochains mois. De quelle manière devra-t-on alors procéder pour empêcher que les opérateurs algériens ne « répercutent » pas cette hausse de la monnaie européenne sur le consommateur algérien ? A cela viennent s'ajouter les autres tensions sur le marché international, du fait de la très forte demande en produits céréaliers et en lait. Tensions liées entre autres à la sécheresse qu'ont connue certains pays producteurs et les restructurations opérées par les agricultures européennes notamment. Les reconversions des cultures au profit des biocarburants et la conjugaison de l'application rigoureuse d'une politique agricole communautaire européenne font qu'aujourd'hui des pays jadis excédentaires se retrouvent confrontés à des déficits. L'Allemagne, par exemple, a connu en été une hausse de plus 20% sur le prix du lait et de 50% sur les produits dérivés… Les consommateurs italiens ont boudé durant une journée les pastas en signe de protestation contre l'augmentation sensible des prix due à la hausse des cours des céréales. Il est sans doute utile de souligner qu'au moment où le prix du baril de pétrole franchissait la « barre » des 80 dollars, celui du blé avait atteint son cours historique de 9 dollars le boisseau de 27 litres à la Bourse de Chicago. Les prix européens des céréales ont augmenté, pour leur part, de 58% entre juin et septembre. En France, la tonne de poudre de lait écrémé se négocie actuellement à plus de 4000 euros, contre 2200 euros seulement, soulignent des experts. Tandis que l'intérêt pour les biocarburants fait que la moitié de la canne à sucre brésilienne et 20% du maïs américain servent à la fabrication de l'éthanol. Plus de la moitié du colza cultivé en Europe est destinée à la production du « biodiesel ». Les avis aujourd'hui divergent quant à savoir si ces tendances vont se maintenir à la hausse et dans la durée pour les produits qui nous intéressent. C'est dire l'opportunité, pour ne pas dire la nécessité qui revient au gouvernement de doter le pays de moyens à l'agriculture afin de répondre à la demande nationale et de pallier par la même les difficultés d'approvisionner le marché en produits alimentaires compte tenu de ces aléas externes. Les moyens financiers existent grâce au cours du pétrole fortement favorable, reste à savoir si la volonté et les compétences y sont.