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« Il y a une crise au niveau de l'écriture, du scénario, de l'imaginaire »
Djaâfar Gacem. Réalisateur de Mawîd maa el kadar
Publié dans El Watan le 07 - 10 - 2007

A 41 ans, Djaâfar Gacem s'impose comme un nom incontournable du paysage audiovisuel algérien. Il revient ici sur son dernier opus qui a marqué le public.
Vous avez été révélé par votre sitcom à succès Ness m'lah City, et là, vous passez au feuilleton avec Maâwid maâ el kadar. Pouvez-vous nous expliquer un peu ce changement de cap ?
Le déclenchement s'était opéré en réalité depuis fort longtemps. Les prémices en étaient déjà dans Ness m'lah City que je ne considère pas comme une sitcom, une situation comique, dans la mesure où cela n'est pas tourné comme une sitcom, mais comme une série de courts métrages. J'ai toujours eu envie d'aller vers le long. Cela implique un découpage, une technique, un lexique cinématographiques assez spécifiques. Ainsi, dans tout ce que je fais à la télé, j'essaie d'avoir une approche cinématographique, et ce, que ce soit une œuvre comique ou dramatique. Je suis fier de la trilogie Ness M'lah City et j'ai d'ailleurs envie d'en refaire encore, parce que je pense que la société algérienne est une société très méditerranéenne où l'humour a sa place. L'humour à mon sens peut régler beaucoup de problèmes de société et c'est la raison pour laquelle j'ai commencé par cet opus. Le passage vers le « drama » est dû d'abord au fait qu'il y avait aussi un public pour ça. Et en faisant cela, j'ai voulu aller vers quelque chose de plus recherché, avec, à la clé, de la morale, une éthique, quelque chose qu'on ne peut pas faire passer par l'humour et qu'on peut se permettre dans le drama. Il faut noter que c'est un genre qui ne tolère pas certaines séquences disons... basiques. Dans le drama, le traitement est plus profond, le personnage est plus étoffé, passé à la loupe. Pour ce faire, j'ai choisi une histoire universelle qui peut se passer en France, en Argentine, au Caire…
Pouvez-vous nous esquisser un petit résumé ?
Maâwid maâ el kadar, c'est l'histoire d'un chirurgien talentueux qui vivait heureux avec sa femme, enceinte de huit mois et demi, dans un petit village. La tragédie commence par le décès de cette jeune femme dans des conditions mystérieuses suite à un braquage d'une station service. Le héros, le docteur Malek, est bouleversé par cette tragédie si bien qu'il change complètement de vie. Il quitte son travail, il est récupéré par son frère qui vit à Alger. Cinq ans plus tard, alors qu'il n'est pas tout à fait remis du choc, au moment où sa famille veut l'aider à changer de vie, le destin fait que son passé le rattrape juste au moment où il s'apprête à prendre des engagements officiels pour se remarier. Entre-temps, un inspecteur de police, l'inspecteur Allel, poursuit son enquête sur les traces du braqueur par qui tout le drame est arrivé. L'histoire aboutit à la fin, au triomphe du bien et de la vérité. Il faut souligner au passage que j'ai choisi une narration sur une base de suspense. Tout le film est articulé sur l'accident et le kidnapping qui l'a suivi. J'ai raconté ce kidnapping sur plusieurs phases dans le feuilleton et je l'ai filmé sur trois points de vue. C'est une nouvelle façon de voir les choses. Il s'agit de montrer des points de vue : comment Hanane a vu l'accident, comment Marwan l'a vécu, de même que le caissier qui a été victime de l'agression. L'accouchement — on ne le sait pas au début — a eu lieu dans la voiture. Celle-ci a raté un virage et elle tombe dans un ravin. On croit que tout le monde est mort, mais Hanane survit et plonge dans un coma profond pendant cinq ans. On croit que le bébé est mort et pourtant il sera récupéré par Marwan pour montrer qu'il n'est pas un bandit. Il n'était pas évident de raconter toute cette histoire en bloc. Il fallait que les personnages évoluent au fil de l'intrigue et que le spectateur s'accroche.
On a vu plein de trouvailles au niveau du traitement filmique. Il y a de l'action, du rythme, du suspense, des rebondissements. Etait-ce un défi pour vous de faire le feuilleton de cette façon-là ?
En effet, pour moi, un réalisateur qui n'est pas porteur d'un regard nouveau dans son travail n'en est pas vraiment un. J'essaie de faire les choses autrement en prenant des risques. Le feuilleton a été effectivement un défi pour moi. Je voulais tenter une nouvelle approche, et je dis cela en toute modestie. Je voulais montrer comment monter une histoire en commençant par la fin, au lieu de suivre une évolution classique servie par une narration linéaire qui est vide de suspense. Moi, je me dis : voilà, il y a un accident dans le feuilleton, Feriel est morte, maintenant, je reviens en arrière. Des gens disaient : ce n'est pas normal. Comment « sacrifier » une femme aussi belle, aussi tendre et enceinte qui plus est de huit mois et demi ? Il est cruel ce mec-là !Je l'ai fait à dessein afin que le public s'y accroche justement en essayant de comprendre le destin de cette femme, tout en espérant secrètement qu'elle soit vivante quelque part. En réalité, c'est sa petite fille qui va prendre le relais et perpétuer son souvenir. Le téléspectateur est soulagé. Il va donc s'attacher au bébé comme souvenir de la maman. Au reste, même si elle est morte, elle revit par flash-back interposé. Elle revient, elle s'invite dans chaque épisode, on la voit, elle est là jusqu'au quatorzième épisode. C'est cette façon de raconter qui m'intéresse. J'aurais pu me retrouver en face d'un public qui n'est pas habitué à ce genre de procédés, mais moi j'ai foi en mon public.
Vous avez la réputation d'être un metteur en scène exigeant. N'avez-vous pas eu de difficultés pour trouver les bons collaborateurs, la bonne équipe technique ?
Je vous mentirai, si je vous disais que tout a été facile. Le scénario à lui seul m'a pris six mois d'écriture.
Vous déplorez justement l'absence de bons scénarios. Peut-on parler de crise d'écriture dans les fictions télé ? Comment avez-vous fait pour combler cette lacune ?
Pour être honnête, je n'ai pas écrit le scénario, mais j'ai participé à l'écriture avec mon ami Karim Khedim que j'ai rencontré à Paris. C'est lui le scénariste. Moi, je suis l'auteur de l'idée originale. On a travaillé ensemble, Karim et moi. On a peaufiné l'écriture au fil des épisodes. Ainsi, j'ai trouvé ma paire, c'est-à-dire une personne qui a de l'imagination. Appelons un chat, un chat — et cela n'est pas propre à l'Algérie — il y a une crise au niveau de l'écriture, du script, de l'imaginaire. L'adaptation de romans n'est pas chose aisée et imaginer une histoire à partir de rien, c'est encore pire. Ce fut donc un travail de longue haleine. Le problème est que par la force des choses, nous sommes tous devenus des réalisateurs-scénaristes. J'aimerais bien travailler sur des scénarios prêts à l'emploi. Je m'inscris dans la direction d'un réalisateur metteur en scène. A la base, j'aime bien la mise en scène, j'aime diriger les acteurs. Pour moi, c'est une vie. C'est très important. Je le confirme donc : oui, il y a une crise au niveau de l'écriture. Un bon film, à 50% c'est l'écriture.
Dans Ness M'lah City, vous nous avez habitués à un humour déjanté servi par une langue truculente. Dans le feuilleton, vous avez pris le parti de ce qu'il convient d'appeler un « arabe ENTV ». Est-ce un choix ? Une exigence de la production ?
C'est les deux. Dans Ness Mlah City comme dans les fictions basées sur l'humour, on est conditionné par les codes et la culture de la société. Pour faire un film humoristique, pour réussir les parodies, les paroles et les expressions sont importantes. Dans les fictions « drama », il y a une exigence de la part de la commission de lecture de l'ENTV qui a rencontré une exigence personnelle, si bien que nous avons convergé vers la même idée. Moi je ne dirais pas que c'est une langue « ENTV ». J'avoue que ce fut pour moi un défi en soi, la question du langage. J'avais peur. Dire « moustachfa » au lieu de « sbitar », ou encore « moufatech Allel » au lieu de « inspecteur Allel » , ce n'était pas évident. Je ne suis pas un arabophone, je suis plutôt francophone, un bilingue on va dire. Cependant, j'appartiens à une catégorie de gens qui estiment qu'on doit être vendeurs. Nous, nous avons souffert de 132 ans de colonisation, chose que les autres pays n'ont pas vécue. Nos parents ne connaissent pas l'arabe, nos enfants ne connaissent pas le français, actuellement, nous avons une génération hybride qui ne maîtrise aucune des deux langues. Il y a un gros problème sur le plan intellectuel, civil, culturel, sur le plan pédagogique, à l'école. La majorité de nos écoles a pratiquement abandonné sa vocation. On se retrouve avec une seule chaîne de télévision qui se substitue à toutes ces institutions pour éduquer, pour former. Après, on la prend pour cible. Je ne suis pas pro-ENTV, mais si j'analyse l'exigence de la télévision algérienne d'utiliser ce que j'appellerais « la troisième langue », c'est parce qu'il y a à la fois le souci d'éduquer et le souci de vendre. Si je veux que mon film passe au Caire, dans un festival de cinéma ou de télévision, chose dont je serais fier, il me faut faire avec ce langage qui a au moins le mérite de ne compter aucun mot en espagnol ou en français. Même chez El Hadj El Anka, il n'y a pas un seul mot en français. C'est bien de dire qu'il est temps que eux aussi s'adaptent à notre culture comme nous l'avons fait vis-à-vis de la leur. Encore faut-il que notre culture soit exportable. Pour cela, il faut du temps, il faut faire plein de films et des films qui se comprennent pour qu'ils se vendent. J'ai participé à un festival l'année passée, le festival Yasmine Djerba, en Tunisie. Ils ont pris une série, c'était Ness Mlah City. J'ai eu droit à une grosse ovation en salle. Avant, il y a eu la projection d'un film égyptien qui a eu un accueil plutôt mitigé. Le producteur est venu me voir pour me dire : c'est très bien fait sauf que je n'ai pas compris. Et ce même producteur a vendu son film à 26 pays arabes.
Quelle est selon vous la recette pour booster le « marché de la fiction » ?
Force est de relever que depuis l'arrivée de Hamraoui Habib Chawki — et je dis cela sans complaisance aucune — les choses bougent au sein de la Télévision algérienne. Cela dit, il est évident que le champ audiovisuel doit s'ouvrir pour impulser une dynamique à la production. Mais cela requiert une volonté politique. Les pouvoirs publics doivent prendre conscience que le cinéma doit retrouver sa place comme dans les années 1970. A ce propos, j'aimerais attirer l'attention de nos responsables sur un fait, à savoir les sommes mirobolantes que l'on dépense en décors. Tous ces budgets qui partent, si on les consacrait plutôt à construire une petite ville dédiée au cinéma comme en Egypte, à Ouarzazate au Maroc, à ce moment-là, on pourrait relancer la production, car cela va impliquer une rapidité d'exécution et un coût moindre grâce à l'investissement sur les décors, les plateaux, les régies… Je voudrais insister aussi sur la formation. C'est très important. On a de moins en moins de techniciens qualifiés. Il y a aussi le statut de l'artiste. Si tout cela est réuni, je vous le dis : même les Syriens ne me font pas peur. Comment ont réussi les Syriens, les Jordaniens ? Si vous prenez un feuilleton syrien et vous le comparez du point de vue du découpage avec Maâwid maâ el kadar, franchement, il n'y a pas de quoi rougir. Les Syriens ont de l'espace. Ils ont surtout de l'espace dans leur tête. Ils peuvent mobiliser 1000 personnes pour une scène. Ils n'ont pas de problèmes de costumes, de décors, de figurants, de jeu d'acteur. Ils sont formés. Pourquoi nous qui avons de si beaux paysages, un Sahara incroyable, ne faisons-nous pas de films d'époque ? J'ai envie de participer à l'histoire de mon pays. Faire un film sur Larbi Ben M'hidi par exemple, ce serait un grand honneur pour moi.
Après la série comique et le feuilleton dramatique, à quand un long métrage signé Djaâfar Gacem ?
Cela dépend des producteurs. J'ai déjà deux scénarios en chantier. J'ai un scénario que je viens de terminer avec mon ami Karim. Il s'intitule Le passeur . C'est un sujet d'actualité sur les harraga. En fait, c'est une comédie dramatique. Reste à trouver les bailleurs. Je reviens aux pouvoirs publics pour les exhorter à mettre les moyens. Dans ce pays, il y a une vraie culture cinématographique qu'il faut prendre en charge. Je pense que tout est possible. J'y crois. J'espère qu'un jour, ça va aboutir.
Demain : Agoumi : « L'acteur n'est pas une addition de répliques »


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