La mouhafadha d'El Tarf est depuis plusieurs jours le lieu de toutes les récriminations, parfois violentes, des militants de cette formation. Jeudi dernier, c'étaient plus de 300 personnes qui se sont rassemblées devant le siège pour marquer leur désaccord avec les manières de procéder pour établir les listes des candidats aux prochaines élections. Les militants protestataires contestent dans les kasmas des 24 communes de la wilaya les procédés employés par les commissions des élections. On parle de piétinement de l'instruction du SG de l'ex-parti unique qui fixe les critères de sélection des candidats, de favoritisme patent, de tricherie sans vergogne, de transactions douteuses, d'imitation de signatures, de faux et usage de faux et même des candidats qui ne sont pas militants à part entière. On a été, pour de nombreux cas, jusqu'à utiliser les dossiers pour « démissionner » à leur insu et barrer la route à des candidats indésirables par l'un ou l'autre des clans qui s'affrontent dans course effrénée aux bribes de privilèges locaux qu'accorde le pouvoir central en contrepartie d'une infaillible disponibilité. Samedi, les choses se sont compliquées parce que « la protestation n'a pas fait réagir les responsables locaux et nationaux ». Des membres de bureau de kasma qui réfutent les listes établies à leur insu et des candidats désavantagés par le classement se sont rassemblés pour annoncer leur retrait pur et simple des listes de candidats. D'autres ont même parlé de démission. En fin de journée, le décompte, pas totalement fiable à cause des hésitations et des confusions, donnait toutefois plus d'une centaine de retraits, soit plus que la liste des candidats sélectionnés. Une saignée, s'il n'y a pas de volte-face comme c'est souvent le cas dans ces milieux, qui risque de coûter cher au vieux parti qui peine de plus en plus à trouver des candidats acceptables. Il n'est d'ailleurs pas le seul dans ce cas. La désaffection à l'égard des élections qui s'est manifestée lors des dernières législatives semble s'être élargie à une frange du personnel politique local qui veut prendre ses distances avec ce qui est déjà qualifié et considéré comme une autre grande mascarade démocratique. Dans l'un des réputés inexpugnables bastions du FLN, on n'hésite plus à parler de boycott.